Festival Premiers Plans 2021 rétrospective Fellini – Le Cheik blanc

Ivan Cavalli, fraîchement marié à Wanda, vient à Rome pour présenter sa jeune épouse à sa famille et obtenir une audience du Pape… 

Après plusieurs co-réalisations, Le Cheik blanc, qui sort en 1952, est le premier film où Federico Fellini est crédité seul à la réalisation. Au scénario, il s’est entouré de Michelangelo Antonioni et Tullio Pinelli, et pour la première fois, collabore avec Nino Rota pour la musique. C’est donc en quelque sorte une grande première pour le cinéaste, avant qu’il affirme sa patte avec I Vitelloni l’année suivante.

D’emblée, avec la scène de précipitation à la gare et l’arrivée à l’hôtel, le ton de la comédie est posé. Dans le rôle d’Ivan, le mari, Leopoldo Trieste s’inscrit dans une longue tradition de rôle masculin comique, qui en Italie débuta avec la commedia dell’arte. On y pense à travers son jeu très théâtral : expressions faciales exacerbées, yeux écarquillés qui riboulent, abondantes gouttes de sueur sur le visage pour marquer le malaise. Dans la démarche et les déplacements, quelque chose évoquerait même Charlot, notamment lors de la fuite de l’école de police. Le trait est forcé pour faire rire, rendant le personnage dépassé, maladroit, et cela fonctionne.

Face à lui, la douce Wanda (Brunella Bovo) est atteinte d’une sorte de bovarysme : lectrice assidue des romans-photos des magazines, elle a dessiné un portrait de son personnage favori, le « Cheik blanc » incarné par Fernando Rivoli, et ce voyage-éclair à Rome représente pour elle une occasion de rencontrer son idole et lui remettre son présent. Le passage sur le « tournage » du roman-photo dénote du reste du film par son orientalisme et un côté irréaliste (l’apparition quasi-mystique du Cheik sur une balançoire bien trop haute pour qu’il ait pu y monter), bien que l’humour y soit toujours présent, jusqu’à une scène de farce façon combat de chiffonnières. La musique de Nino Rota contribue à l’agrément, en particulier lorsqu’elle se fait sirupeuse pour accompagner les tentatives de séductions de l’acteur, alors même qu’il boit son cocktail en tirant la lippe d’une façon ridicule.

Le film s’amuse avec les codes de la romance, mais aussi ceux du mélodrame lorsqu’il flirte avec le pathétique, en particulier dans sa partie nocturne. Pendant qu’Ivan pleure sur son sort, surgit une drôle de compagnie qui tente de le distraire de son chagrin de la façon la moins appropriée. Dans le même temps, Wanda, toujours sensible à l’imaginaire, croit voir dans des statues d’anges le signe que Dieu la rappelle à lui.

S’il ne constitue pas une des œuvres les plus reconnues de son réalisateur, ce Cheik blanc a pour lui des atouts qui ont certainement inspiré plus d’un cinéaste (on peut penser en particulier à Allen, à la fois pour La rose pourpre du Caire – la rencontre avec un personnage de fiction – et To Rome with love – la présentation à la belle-famille à Rome). Il procure un agréable moment de divertissement avec ses personnages aux traits forcés, ses rebondissements improbables et son rythme inégal mais plutôt prenant.

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