Sousuke, 5 ans, récupère dans l’océan un drôle de petit poisson. Ponyo a fui son père, un ancien humain devenu créature marine qui en veut aux hommes de leurs ravages sur les fonds marins…
Movie Challenge 2021 : un film des studios Ghibli
La poésie des films d’Hayao Miyazaki s’est incarnée à travers de nombreux décors : dans les airs et dans les forêts, dans les montagnes et les campagnes, dans les villes et les palais. Mais il a fallu attendre 2008 pour que le maître de l’animation japonaise nous entraîne sous l’océan.
Et il le fait dans un décor chamarré, peuplé de créatures étranges, mi-humaines mi-animalières, des êtres fantastiques dont il a le secret pouvoir de nous faire tomber amoureux de film en film. Ici, c’est un poisson rouge un peu particulier à face humaine, décliné en très nombreux exemplaires, mais dont nous suivons l’aînée, baptisée Ponyo par le petit humain qui la trouve au pied de la falaise.
Parmi la filmographie de Miyazaki, s’il fallait opérer un rapprochement, ce serait avec Mon voisin Totoro. Par ces décors sublimes nimbés de vert tendre, par l’âge très jeune des protagonistes, encore capables de s’émerveiller de la magie sans l’interroger, par la bienveillance des relations familiales, par la créature légendaire qui donne son titre à l’œuvre, les deux films entretiennent une parenté certaine. Surtout, on retrouve en tous deux une même qualité de tendresse, de candeur, de pureté très enfantine, qui donne immanquablement le sourire, réchauffe le cœur comme tout « film doudou » réussi et peut convenir aussi bien aux grands qu’aux tout-petits.
Pourtant, il y a dans cet opus des éléments plus sombres qu’on ne saurait ignorer : la menace que la pollution humaine fait peser sur les fonds marins, dénoncée par le père de Ponyo et présente à l’écran à travers le raclage des fonds marins couverts de détritus ; la violence de la tempête qui dévaste tout sur son passage, submergeant la ville ; la brutalité du père de Ponyo envers ses « enfants », guidée par sa haine des humains.
Irrésistiblement attirée par « l’ennemi », en la personne de l’adorable Sousuke, petit bonhomme de cinq ans fasciné par l’océan sur lequel navigue son marin de père, Ponyo est prête à se transformer et à renoncer à ses pouvoirs pour devenir sa semblable. Sans avoir l’apparence d’une sirène, ce « poisson-fille » comme l’aurait décrit Mathias Malzieu, qui lui aussi s’est attaqué à la réinvention de ces créatures aquatiques récemment, rappelle furieusement le conte d’Andersen. Quittant le royaume paternel, Ponyo veut échanger son don contre des jambes et des bras pour vivre avec Sousuke, qui l’a sauvée d’une mort certaine alors qu’elle gisait échouée…
Mais Ponyo diffère d’une Ariel dans son tempérament et son traitement. Qu’elle soit poisson ou petite fille, c’est une tornade que rien n’arrête, qui n’hésite jamais à manifester ses émotions et son affection, marchant sur l’objet de son amour dans son empressement à le cajoler, exultant à la vue de la nourriture puis s’endormant dans son bol de nouilles, épuisée par son énergie perpétuelle. C’est un personnage extraordinairement fédérateur et touchant, qui fait tomber Sousuke, sa mère et toutes les vieilles pensionnaires de la maison de retraite sous son charme brut de décoffrage.
Sentimental sans mièvrerie aucune, d’une beauté formelle qui n’a d’égale que la bonté de ses personnages, Ponyo sur la falaise fait du bien aux yeux et à l’âme, et donne envie de ne jamais quitter sa petite héroïne.
Quel joli choix, quel bon film…
Merci !