Lorsque leurs conjoint(e)s partent en mission en Afghanistan, les femmes de militaires de la garnison de Flitcroft décident de monter une chorale, sous l’impulsion de Kate, l’épouse du colonel.
D’abord annoncé en salles, le film de Peter Cattaneo porté par Kristin Scott Thomas a été l’une des victimes de la crise, racheté par Canal + pour une diffusion télé/plateforme.
Mais ce club de chant souffre-t-il de se passer du grand écran ? Pas vraiment, car on ne peut pas dire que le film s’élève grandement au-dessus du niveau d’un téléfilm du dimanche après-midi. Le scénario est attendu de bout en bout, cochant à peu près toutes les cases des poncifs relatifs à l’armée et n’omettant aucun code du genre choral et musical. Le groupe de femmes ne bénéficie que de très peu de singularisation, seules Jess et Ruby se démarquent légèrement par leur voix, l’une pour son talent de chanteuse et l’autre pour son côté casserole apportant un running gag. Le cas de Sarah est un peu à part : on l’entend à peine chanter, mais elle est choisie pour remplir le rôle de la « victime » de la situation, subissant un sort dont on se doutait qu’il serait réservé à l’une d’entre elles (et selon la comptine, « le sort tomba sur la plus jeune », bien entendu). Les autres forment un groupe assez indistinct, car on ne voit jamais leur intimité, hormis au tout début du film lors du départ des hommes. Très rapidement, les identités sont fondues dans le groupe, et le scénario se réduit comme peau de chagrin autour de la rivalité entre Lisa (Sharon Horgan) et Kate (Kristin Scott Thomas). Cette dernière vole totalement le film, mais comment aurait-il pu en être autrement avec un casting autant centré autour d’elle ? La reine Kristin fait son numéro, déploie sa palette habituelle entre la froideur et l’émotion, et a pris des cours de chant pour être crédible en chef de chœur, même si on regrette que finalement ses scènes musicales soient si rares.
C’est l’autre défaut du film. En dépit de son petit côté Pitch Perfect, The Singing Club manque de musicalité. L’enjeu est bien de se produit au Royal Albert Hall mais on entend très peu de morceaux entièrement chantés à l’écran, et encore moins chantés avec talent, la scène du marché tournant à la catastrophe, les interprètes se laissant déstabilisés par les bruits de la rue soulignés par la caméra. On peut simplement retenir la performance émouvante de l’Ave maria, et celle de la fin, bien que la chanson ne soit pas extraordinaire.
Sans surprise, ni scénaristique ni musicale, le film se contente d’être un feel-good attendu plein de bons sentiments (mais aussi de crêpages de chignons, il faut bien se disputer pour avoir le plaisir de se rabibocher). Le thème du deuil reste superficiellement exploité, de même que le rapport de ces femmes à leur statut d’épouses de militaires avant tout, qu’elles ne questionnent jamais. Sans passer un mauvais moment dedans, on ne peut pas dire qu’on retire quoi que ce soit de ce long-métrage qui s’oublie aussi vite qu’un tube du moment remplacé à la radio par le morceau suivant.