« Retour vers le futur », c’est du lourd !

Marty McFly reçoit un appel de son ami le savant Doc Emmett Brown qui veut lui présenter sa nouvelle invention : une DeLorean bricolée en machine à voyager dans le temps…

Inspirés par une conversation sur ce qu’aurait pu donner une rencontre avec leurs propres parents jeunes, Robert Zemeckis et Bob Gale se lancent dans les années 80 dans une histoire de machine à remonter le temps, d’abord envisagée sous les traits d’un réfrigérateur, qui deviendra la mythique DeLorean d’une trilogie non-moins mythique.

Avec Spielberg pour producteur délégué, le premier volet de Retour vers le futur sort en 1985 et est un tel carton que le réalisateur et son équipe rempilent pour deux volets qui n’étaient pas prévus au départ. Une attraction, des jeux vidéo et des tas de goodies plus tard, Retour vers le futur et ses suites font partie des films doudous qui se transmettent de la génération des enfants des 80s à ceux d’aujourd’hui. Il faut dire que les films comportent tous les éléments d’une œuvre culte.

D’abord, il y a cette idée de voyager dans le temps qui fait rêver, mais plutôt que de l’employer pour assister à des éléments historiques majeurs ou se plonger dans des époques très éloignées, le scénario l’utilise d’une manière intime, resserrant son intrigue autour d’un nombre restreint de personnages, qui y gagnent en densité et en réalisme et créent un fort attachement de la part des spectateurs/trices. C’est avant tout le tandem entre Marty (Michael J. Fox) et le Doc (Christopher Lloyd, au rôle majeur également dans Qui veut la peau de Roger Rabbit), complices dans leur curiosité et leur courage, mais aussi les parents de Marty, George (Crispin Glover) et Lorraine (Lea Thompson), que l’on peut découvrir à différents âges de leur vie et dans différents scénarios, qui ont nécessité beaucoup de travail à la fois de composition et de maquillage pour arriver à les rendre parfaitement crédibles en toutes circonstances. Et n’oublions pas Biff Tannen (Thomas F. Wilson), le méchant qu’on adore détester, brute épaisse pas bien maline à qui il suffit de lancer « derrière toi ! » pour lui coller une beigne.

Avec ses enjeux très liés à la famille, la trilogie a tout du divertissement intergénérationnel, qui permet de rappeler que les parents ont été de jeunes gens aimant s’amuser, rêvant des premiers amours et faisant des choix déterminants pour leur futur. À travers la métaphore du voyage dans le temps, l’œuvre rappelle que chacun(e) a la maîtrise de sa vie et doit prendre ses décisions en conscience pour construire son destin, souvent interdépendant de celui de ses proches.

Dans l’écriture, les films ont aussi beaucoup d’atouts, avec des gimmicks habilement réutilisés d’un volet à l’autre et des blagues bien troussées, à la fois placées dans les dialogues, toujours dynamiques, et dans les éléments de décor. Celui-ci est foisonnant et rempli d’indices et de trouvailles qui contribuent à la cohésion d’un univers d’autant plus impressionnant qu’il n’était initialement pas prévu pour se déployer dans trois longs-métrages. Esthétiquement, le résultat a le charme des années 80 mais encore une très belle tenue aujourd’hui grâce aux effets analogiques notamment, mais aussi à une créativité joyeuse. On sent que Zemeckis et son équipe se sont amusés à inventer les vêtements de demain, à retranscrire l’ambiance de diverses époques, à créer toutes les inventions du Doc, et surtout à concocter un montage extrêmement minutieux qui permet de conserver la crédibilité de l’intrigue malgré toutes ses ramifications et de nous émerveiller au fil des découvertes. On se sent comme chez soi dans cet univers d’aventure, et même si les suites sont moins légères que le premier opus, ce sont des émotions ressurgies de l’enfance qui prédominent devant la saga, nous permettant, nous aussi, de voyager dans le temps devant nos écrans.