À une soirée jeux chez des ami(e)s, O. rencontre Loren. Acrobate, elle lui fait visiter le cirque qui l’emploie. Le goût des longues promenades dans Paris les réunit et éclot une histoire d’amour…
En 2016, le premier roman d’Olivier Liron est un succès critique, et deux ans plus tard, son deuxième livre sera couronné du Grand Prix des Blogueurs. Il faut pourtant attendre cette fin 2020 pour qu’il en soit question ici, alors que l’école Alma est pourtant surreprésentée.
Mais il n’est jamais trop tard pour découvrir les bonnes choses, dont ce roman fait indéniablement partie. Divisé en trois parties, qui correspondent à trois humeurs bien différentes, le récit est aussi riche et multiple que ses deux protagonistes, O. et Loren.
Tout commence par une situation classique et réaliste, celle d’une rencontre chez des ami(e)s commun(e)s autour d’un jeu de société. Le narrateur déploie déjà un certain humour pince-sans-rire qui fait mouche, cette façon qu’ont les pessimistes de tourner en dérision le moindre aspect du quotidien pour le rendre plus supportable. Mais quand il s’agit de Loren, il perd rapidement son second degré pour se laisser fasciner par la belle « Eurydice » aux cheveux sales. Car le roman n’est pas une comédie romantique toute lisse, non, les amant(e)s y sont incarné(e)s, et cette mention des cheveux de Loren, qui reviendront à plusieurs reprises sous diverses métaphores comme le seigle ou les châtaignes, contribue à cet ancrage dans la matière des corps.
C’est un plaisir insoupçonné de découvrir le récit de la liaison entre O. et Loren, une histoire faite de moments poétiques à la fête foraine ou dans les rues de Paris, d’une vision enchantée du quotidien qui prend de nouvelles couleurs dès qu’on le traverse avec un être aimé, mais aussi d’une passion charnelle consommée avec ferveur. Rares sont les scènes érotiques vraiment puissantes et écrites avec justesse dans la littérature contemporaine, mais Olivier Liron s’y colle sans contourner le sujet, dans une franche réussite.
Et puis Loren disparaît. On peut alors penser à d’autres grands noms issus de l’école Alma, Arnaud Dudek et ses Vérités provisoires pour le tourment de l’absence inexpliquée, Pierre Raufast pour l’analyse du périphérique de Caen, Guillaume Siaudeau pour le personnage décalé de Vediani. Aussi surprenant que cela puisse paraître compte tenu des circonstances, l’auteur réussit à nous amuser avec son escale au McDo, sans que l’on n’oublie jamais pour autant l’enjeu de son voyage.
La troisième partie nous donnera enfin à saisir un peu de l’âme de Loren, autrement que dans le regard de son amoureux. Les mots de la jeune femme nous font encore changer d’univers, découvrir les sensations exotiques en même temps que l’introspection douloureuse.
Trois parties comme trois émotions qui se complètent et se mêlent pour donner lieu à un chant d’amour puissant comme une incantation, une prière lyrique et décousue qui reste en tête, une élégie qui refuse de se cantonner au moment du chagrin, mais veut voir au-delà, dans la perspective du renouveau de la vie et ce que Loren a légué à O., la capacité à vivre la joie sans cynisme.
J’ai adoré ce livre… Sin deuxième roman est tout aussi bien !!! 😊❤️
Je n’ai pas encore eu l’occasion de le lire !