« Mémoires de jeunesse », ceci est leur testament

Vera rêve d’entrer à Oxford, et son frère l’aide à convaincre son père de tenter l’examen. En échange, elle le presse de laisser son frère s’enrôler pour la guerre aux côtés de ses amis Victor et Roland, pour qui Vera nourrit des sentiments…

Premier film de cinéma de James Kent, ce n’est pourtant pas sa première incursion dans le domaine historique puisqu’il avait déjà réalisé plusieurs téléfilms d’époque (dont l’un plutôt remarqué sur Margaret Thatcher). Longtemps après l’abandon d’une première adaptation dans les années 30, l’œuvre littéraire de Vera Brittain trouve ici enfin un écho sur grand écran grâce à lui et à Juliette Towhidi au scénario.

Le long-métrage a pu s’appuyer sur le texte Testament of Youth dont il tire son titre, mais également sur d’autres éléments de la main de Vera, ainsi que des lettres de ses proches et les souvenirs de sa propre fille qui a collaboré au projet. On peut donc espérer que la représentation qui en est faite soit fidèle à l’esprit de Vera et de son entourage. En effet, la capacité à émouvoir du film dépend en grande partie de deux facteurs : d’une part, la sympathie que peuvent inspirer les personnages principaux du récit, et d’autre part, la capacité pour la génération des spectateurs/trices d’aujourd’hui de se projeter dans celle qui a connu la Première Guerre mondiale.

Pour le premier aspect, le film peut compter sur un casting très soigné avec en tête Alicia Vikander, habituée à interpréter des héroïnes romanesques dans des films historiques depuis Royal Affair. Très à son aise dans ce rôle de jeune fille passionnée et déterminée, pour qui l’écriture et les études passent avant tout et qui ne souhaite pas se marier, elle incarne une sorte de déclinaison d’une Elizabeth Bennet, un peu plus d’un siècle plus tard. Comme chez Jane Austen, il est question d’affaires de cœur naissantes dans le cadre d’une campagne anglaise verdoyante et florissante, d’amitiés sincères mais aussi des mœurs du temps, et de s’y confronter pour gagner en liberté. Taron Egerton, Colin Morgan et Kit Harrington complète le joyeux quadrille qui nous entraîne à travers champs et poésie dans ce qui aurait pu être une sorte de croisement entre Austen, Keats et E.M. Forster.

Mais l’aspect sentimental et littéraire du récit, qui culmine avec les escapades du jeune couple Vera-Roland tentant d’échapper au chaperon, cède la place au registre du film de guerre à mesure que l’image, s’accordant à la teneur du récit s’assombrit. Toujours très classique dans sa réalisation, le film reste extrêmement prévisible dans le devenir de ses personnages, qui semblait comme annoncé par des indices semés dans les scènes légères du début. Toutefois, les scènes avec les blessés dans l’hôpital de fortune au front sont assez fortes, en particulier celle du soldat allemand mourant.

Sans avoir de reproche particulier à faire au film, de belle tenue et porté par des acteurs/trices investi(e)s jusque dans les seconds rôles (le couple parental Emily Watson-Dominic West), il reste tout de même un peu lisse pour marquer durablement, mais donne assez envie d’aller découvrir les écrits de Vera Brittain.

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