« C’est ça l’amour », la fin d’une famille

Depuis qu’Armelle est partie, Mario essaye de se débrouiller avec ses deux filles Niki et Frida, deux ados qui aspirent à l’indépendance et vivent plus ou moins mal la désertion du domicile par leur mère…

L’entrée en matière du film de Claire Burger, in medias res, a de quoi surprendre : on découvre Mario au milieu d’un groupe de théâtre, enfin plutôt d’expression artistique, où il est question de préparer un spectacle dans lequel chacun prononcera une phrase qui dira quelque chose de lui. C’est en fait une bonne idée, car les séances de répétitions qui jalonnent le film lui donnent un fil rouge et permettent de percevoir les évolutions de Mario, qui tantôt se renferme tantôt s’ouvre, tantôt envisage des phrases sombres et tantôt lumineuses, évoquant tour à tour son épouse, ses filles, et finalement lui-même. Cet atelier est une sorte de catalyseur qui permet à l’homme blessé dans son amour et sa fierté d’avoir été délaissé après vingt ans de relation de comprendre que c’est non pas sur elle ni sur leurs enfants mais sur lui qu’il doit se concentrer pour guérir.

Dans ce parcours jalonné d’embûches, cet homme bourru, sanguin mais capable d’attentions et de tendresse, magnifiquement incarné par Bouli Lanners, toujours génial dans des rôles « nounours » (l’an dernier aussi dans Notre Dame) est accompagné bon gré mal gré par ses deux adolescentes. Niki (Sarah Henochsberg) aspire à l’indépendance mais se montre compréhensive envers ce père qui souffre, tandis que Frida (Justine Lacroix) ne souhaite qu’une chose, pouvoir vivre avec sa mère. Les deux jeunes actrices déploient une assurance et un naturel marquants et composent des personnages bien différents et relativement nuancés.

Sous la caméra de Claire Burger, le cheminement de cette famille qui doit trouver de nouveaux repères est un peu inégal : certaines scènes un peu étranges (la visite de l’exposition, l’entrée clandestine au spectacle de polyphonies) déroutent, d’autres semblent anodines, quand quelques moments de grâce crèvent vraiment l’écran, souvent accompagnés par les excellents choix de musiques additionnelles. Une scène toute simple comme un trajet en voiture prend toute la force de la complicité établie entre père et fille grâce à l’autoradio, de même, la scène où Mario, drogué, se lance dans de grandes déclarations d’amour à sa femme et à ses filles, et soutenue par la musique que sa fille lui propose de lancer. On remarque surtout l’utilisation avisée du ballet « Le Parc » (qu’on apercevait aussi l’an dernier dans Deux Moi), qui inspire à Mario une forme de reprise de pouvoir sur sa situation particulièrement belle et poétique.

Parfois brut, mais tendre, avec des hauts et des bas, le film de Claire Burger porte finalement très bien son titre énigmatique.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :