« Ernest et Célestine », amitié hors normes

Chez les souris, on sait qu’il faut se méfier des ours. Mais Célestine est fascinée par les gros voisins du monde du dessus, et se lie avec Ernest, un ursidé sans le sou et affamé…

Movie Challenge 2020 : un film d’animation européen

Pour cette catégorie, j’ai choisi de découvrir Ernest et Célestine, qui répond bien au qualificatif « européen » puisqu’il s’agit d’une collaboration entre la France, la Belgique et le Luxembourg. On ne dira jamais assez comme le cinéma d’animation européen est riche et divers, et encore je suis très loin d’être une spécialiste sur le sujet. Malgré tout je me réjouis que de plus en plus l’animation apparaisse comme un moyen d’expression artistique à part entière et pas simplement cantonné au « film pour enfants ». Le genre a la capacité à cumuler les niveaux de lecture, brouiller les pistes, et entraîner facilement dans un univers onirique grâce à ses possibilités infinies.

Malgré tout, j’avais en tête qu’Ernest et Célestine devait vraiment être un film pour tout-petits, me référant à la mention « à partir de 3 ans ». Je ne m’attendais donc pas à grand-chose sur le fond hormis une histoire mignonne avec des graphismes adorables. De ce point de vue, j’ai été bien servie : l’esthétique aquarelle avec ses couleurs toutes douces, ses dessins au trait, ses animaux aux expressions humanisées, tout est digne d’un conte. On se croirait dans un genre de Petit Chaperon rouge où la petite fille aurait été changée en souris et le loup remplacé par le grand méchant ours. Sauf que l’ours n’est pas si méchant, car, comme bon nombre de films d’animation (par exemple Zootopie), celui-ci a pour objectif de montrer que la ségrégation est un tort et que toutes les espèces animales peuvent vivre en bonne intelligence en dépit de leurs différences. Hymne à la tolérance et à la fraternisation donc, mais pas seulement.

Sur le fond, le film aborde pas mal de sujets intéressants tels que l’éducation, l’enrichissement capitaliste (la famille d’ours qui vendent des bonbons d’un côté de la rue et des dents de rechange de l’autre), la pression pour entrer dans le moule et adopter une carrière de bonne réputation à laquelle Célestine est soumise, le mépris de la société envers les plus démunis dont Ernest est victime, et une critique claire des institutions policières et judiciaires (la scène de la poursuite entre la police et Ernest dans le camion est jubilatoire).

Esthétiquement, en plus d’être très doux et joli, le film est une vraie réussite en termes de rendu du mouvement. Le risque de ces dessins au style aquarelle qui ressemblent à des illustrations d’albums (le film adapte les livres de Gabrielle Vincent en restant fidèle à leur identité graphique) aurait été un côté lent, peu dynamique. Au contraire ici, le mouvement est partout, et les visuels plein de trouvailles. Il faut dire que le film a pour lui un trio inédit : le tandem Stéphane Aubier-Vincent Patar (Chien pourri, la vie à Paris) est associé à Benjamin Renner (Le grand méchant renard). C’est ce dernier qui s’est chargé de la création graphique, et on ne peut que saluer son travail. J’ai particulièrement apprécié la séquence où Ernest et Célestine comparent la peinture et la musique, l’image représentant ce que la mélodie leur évoque, ainsi que le camouflage du camion, très poétique, mais on pourrait aussi citer les rêves et cauchemars des personnages.

Une jolie surprise, à regarder avec les petits, mais aussi sans, pour rêver et s’amuser devant les aventures d’Ernest et de Célestine (à retrouver aussi en série).

4 commentaires sur “« Ernest et Célestine », amitié hors normes

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