« Nue propriété », méchant, méchant enfant !

nue-proprietePascale vit avec ses deux fils adultes, François et Thierry. Lorsqu’elle envisage de vendre la maison familiale, les tensions se cristallisent entre eux.

Après L’économie du couple, j’ai poursuivi mon exploration de la filmographie de Joachim Lafosse avec Nue propriété. Je ne savais rien de ce film quand je l’ai emprunté la médiathèque, si ce n’est qu’il réunissait pour la première fois à l’écran les deux demi-frères Renier, Yannick et Jérémie. Je trouvais intéressante l’idée de les faire jouer des frères (faux-jumeaux dans le film) et c’est ce qui a attisé ma curiosité.

Rapidement, on se rend compte que ce film préfigurait en partie les thématiques reprises des années plus tard dans L’Économie du couple : il est déjà question d’une séparation, même si ici Pascale et Luc ne vivent plus ensemble depuis dix ans, et du devenir du bien acquis en commun, une grande propriété qui prend la forme d’une grosse maison rose un peu délabrée entourée de champs et d’un petit étang.

Le troisième long-métrage du réalisateur portait en germes la violence et l’intérêt pour les familles dysfonctionnelles qui traversent quasiment toute sa filmographie. Dès la scène d’ouverture, la relation entre la mère (Isabelle Huppert) et ses deux grands fils paraît étrange, faite d’une bien trop grande proximité (elle leur demande leur avis sur la lingerie qu’elle vient d’acheter) et de taquineries de mauvais goût et assez méchantes (Thierry la traite de pute).

Tout au long du film, qui se nourrit de l’atmosphère de cette grande baraque aux murs assombris de meubles en bois anciens et aux lumières glauques, la tension est palpable et va crescendo. C’est la patte Lafosse, cette plongée dans une intimité rongée par un mal qui enfle comme une tumeur maligne et finit par éclater dans les dernières minutes du film, selon le même schéma qui régit aussi bien L’économie du couple et À perdre la raison.

Ce qui surprend, c’est l’attitude très puérile des enfants, comme confits dans une situation qui n’aurait pas évolué depuis la séparation de leurs parents : ils ne travaillent pas ou ratent leurs cours, passent leur temps vautré devant la télé ou à jouer à la console ou au ping-pong, même leurs tenues et leurs objets semblent datés, comme si rien n’avait pu évoluer chez eux, et surtout pas leur mentalité, assemblage de rébellion adolescente, d’attachement à leur mère façon cordon pas coupé, et de blagues typiques de l’âge bête. Il faut dire qu’ils sont pris entre un père absent qui ne leur propose que de l’argent, et une mère qui passe de l’apathie aux insultes, ne sait pas leur parler d’elle et de ses projets de vie, repousse les décisions jusqu’à ce que la situation devienne inextricable. Il n’y a pas vraiment de « gentil » dans ce film, même si des deux frères François semble le moins virulent, qui essaie davantage de comprendre sa mère (peut-être aussi pour s’attirer ses bonnes grâces, un toit et un couvert fournis sans rien en échange). Thierry est quant à lui l’archétype du sale gosse qui considère que tout lui est dû, l’argent, la maison, les services rendus, la liberté quand il la décide et la présence quand il refuse la solitude.

Forcément, tout cela ne peut que mal tourner. Et alors même que les cadrages nous laissent imaginer le pire, supposément faisant redoubler le malaise, on ne peut empêcher de poindre une forme d’ennui, tant le drame semblait prévisible. Il manquait à ce film la nuance psychologique qui a fait de L’économie du couple une vraie réussite.

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