Sentaro, qui tient une boutique de dorayakis, accepte avec hésitation d’embaucher Tokue, une septuagénaire qui prépare un délicieux « an », la pâte de haricots rouges dont les dorayakis sont fourrés…
Movie Challenge 2020 : un film avec un titre comestible
J’avais créé cette catégorie du Movie Challenge en regardant Chocolat, mais comme c’était toute fin 2019, il m’a fallu trouver un autre film pour le challenge. Bien que la catégorie n’implique que le titre, je m’étais petit à petit mis en tête de regarder une œuvre traitant de nourriture au moins en partie. Après plusieurs échos laudatifs sur le film de Naomi Kawase, j’envisageais justement de le choisir quand il est passé sur Arte (dans le cadre d’un cycle sur la cuisine au cinéma, si jamais vous n’avez pas encore trouvé votre bonheur pour valider cette catégorie du challenge, je vous suggère de faire un tour sur leur site, il y a plusieurs films qui peuvent faire l’affaire).
Je craignais un peu de rester insensible à ce film, car le précédent que j’avais découvert de Naomi Kawase, Still the water, m’avait beaucoup moins émue qu’annoncé. Mais je pouvais compter sur la formidable présence de Kirin Kiki pour me faire passer un bon moment (comme devant Dans un jardin qu’on dirait éternel, dont je vous parlerai prochainement).
Et en effet, son personnage est vraiment le clou du spectacle. Dans un registre délicat et plutôt mélancolique, comme souvent dans le cinéma japonais et en particulier chez cette réalisatrice, le personnage de Tokue réussit à faire jaillir des moments de comédie par son rapport particulier au monde, et son décalage avec son employeur Sentaro (Masatochi Nagase). Notre brave vendeur de dorayakis se débrouille pour réaliser des pancakes (en dépit d’un stock de « ratés » qu’il refile en douce à Wakana, une lycéenne habituée de son établissement), mais n’y connaît rien à la préparation de la « an ». La scène où il découvre comment Tokue concocte cette fameuse pâte de haricots rouges est un régal. Ce sont deux visions du monde et du temps, issues de deux générations différentes, qui se rencontrent. Filmée de près, avec un vrai respect du produit – comme on dit dans les émissions de cuisine – la recette divulguée sous nos yeux est appétissante autant que philosophique (mélanger le sucre et les haricots = « laisser les jeunes faire connaissance », oui oui).
Si j’ai beaucoup apprécié tout le début du film, on m’a malgré tout un peu perdue sur la longueur. En effet, j’ai fini par m’égarer dans la temporalité du récit, dont les ellipses sont si fondues dans la narration que j’ai dû plusieurs fois revenir en arrière pour vérifier que je n’avais pas loupé un élément. C’est un peu dommage car cela nuit à la délicatesse du récit et à la force du propos sur le rejet des malades de la lèpre et la nécessité de surmonter ses drames pour construire sa vie. Un peu attendue et en même temps un peu énigmatique, la fin du récit m’a laissée sur ma faim. Il est vrai que j’aurais bien croqué dans un de ces dorayakis appétissants !
Merci pour ce joli article (dont j’adore le titre et la chute finale !). C’est drôle, il y a quelques années, je m’étais lancé u défi autour de films comportant des noms de fruits exotiques, et j’en avais trouvé plein, notamment l’Odeur de la papaye verte ! Les croisements entre cuisine et cinéma peuvent donner de beaux résultats, je pense à Salé Sucré d’Ang Lee que j’avais bien aimé à l’époque, tu connais ?
Haha merci, j’ai toujours une tendance aux jeux de mots ou aux références dans mes titres d’articles. J’ai vu L’Odeur de la papaye verte il y a quelques années, mais je ne connais pas Salé Sucré, je vais me renseigner !
D’accord avec ton article ! Le film est plutôt réussi et et assez touchant mais c’est vrai qu’il manque un petit truc pour être totalement embarquée !