« Faute d’amour », l’enfant indésirable

affiche-film-faute-d-amourGenia et Boris sont en plein divorce, chacun(e) ayant déjà retrouvé un(e) autre partenaire. Au milieu, Aliocha, 12 ans, l’enfant non désiré dont personne ne veut la garde, qui disparaît.

On m’avait vanté ce film à sa sortie, tout en m’affirmant qu’il était très dur. Je ne suis pas très cliente des histoires d’enfants en général, ce n’est pas un sujet qui me touche, même si je peux connaître de bonnes surprises (je pense au récent Jojo Rabbit). Mais comme je connais très mal le cinéma russe, j’ai décidé de mettre à profit le passage de ce film sur Arte pour commencer ma découverte.

Par rapport à ce qu’on m’avait annoncé, le film m’a semblé bien différent, car il n’a suscité en moi absolument aucune émotion. J’ai d’ailleurs l’impression que l’ambition d’Andrey Zvyagintsev n’est pas de cet ordre. S’il avait voulu susciter notre empathie, nous aurions sans doute vu davantage le petit Aliocha, nous l’aurions suivi lui dans son échappée et non ses parents dans leur quête, et le film se serait focalisé sur des personnages plus ambivalents et nuancés, comme Masha par exemple, qui n’apparaît que très peu.

Le propos est davantage destiné à l’intellect qu’au cœur, dans un cinéma qui clairement veut démontrer quelque chose. J’ai beau aimer les films intellectuels en général, celui-ci l’est sans doute trop pour moi, car j’ai eu l’impression de n’être jamais concernée, sans doute parce que je voyais trop ce qu’on voulait que je pense. Le cinéaste dépeint une Russie moderne abîmée par son passé, qui a conduit à produire, au fil des générations (on a un aperçu de la précédente avec le personnage de la grand-mère), des monstres d’égoïsme, incapables d’attachement et de sensibilité, obsédés par la réussite matérielle, les apparences, la conformité à la morale sociale et religieuse (le patron orthodoxe qui pourrait licencier ses employé(e)s pour un divorce). Tout est froid, gris, humide, sombre, glauque. Les lumières sont blafardes, les couleurs vives inexistantes. C’est un cinéma austère qui rappelle bien ce que j’avais déjà aperçu du septième art des pays de l’Est avec Après la nuit, par exemple. Dans la cruauté du propos, on n’est pas si loin d’un Haneke, mais il manque l’élégance du noir et blanc glaçant du Ruban blanc.

Les choix esthétiques sont marqués, certes, avec des plans « à vide » sur des espaces sans personnages, des scènes sans but (l’institutrice qui efface le tableau et range ses affaires), qui s’étirent plus que de raison. Et cette omniprésence des informations, à la radio, à la télévision, toujours annonciatrices de mauvaises nouvelles, qu’on prédise la fin du monde ou le surgissement de la guerre avec l’Ukraine.

Au milieu de cette atmosphère, l’intrigue est réduite à peau de chagrin avec une enquête qui piétine et ne permet pas d’individualiser les personnages d’enquêteurs/trices, et des portraits d’homme et de femme (Alexey Rozin et Maryana Spivak) dont chaque parole paraît insincère. Le film est cynique au point de ressembler à un spot publicitaire contre le pays de son réalisateur, et il y manque de la chair narrative pour avoir réussi à m’accrocher.

Un commentaire sur “« Faute d’amour », l’enfant indésirable

Ajouter un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :