Pour son mariage, un jeune couple reçoit en cadeau d’un oncle un terrain constructible ainsi qu’une maison. Mais celle-ci est livrée en kit à monter soi-même…
Movie Challenge 2020 : un film muet
L’année dernière, cette catégorie du Movie challenge avait été pour moi l’occasion de découvrir Buster Keaton avec Le mecano de la General. Ce qui avait motivé ma curiosité, c’était le récit d’une enseignante qui avait passé à ses élèves de primaire La maison démontable. J’ai donc décidé de revenir aux sources du sujet en découvrant ce film cette année pour cette même catégorie.
Intitulé One Week en VO, le film de Buster Keaton et Edward F. Cline retrace, sur une semaine, égrenée par l’arrachage des pages d’une éphéméride, les tentatives des époux pour monter la fameuse maison en kit. Aux côtés de Buster Keaton et Sibyl Seely, j’ai eu la surprise de reconnaître Charlie Chaplin qui incarne le mauvais génie de l’histoire : un soupirant éconduit décidé à se venger de son rival en l’empêchant de construire son foyer. C’est vraiment the cherry on top que cette courte apparition dans un film qui rappelle effectivement furieusement certaines scènes de chez Chaplin, en particulier le passage dans la maison des Temps modernes.
Ici, cette maison est une bizarrerie livrée dans des caisses numérotées avec un petit mode d’emploi, ce qui fait penser à un meuble IKEA géant avant l’heure (la chaîne suédoise est née plus de 20 ans après le film). Voilà donc nos tourtereaux ravis de ce cadeau et déterminés à le mettre sur pied, avec une répartition des rôles genrés terriblement traditionnelle : pendant que madame sert le petit-déjeuner à l’extérieur, monsieur cloue et scie (la planche sur laquelle il est assis, tant qu’à faire).
Tout le génie de ce court-métrage réside dans l’objet, cette maison complètement dingue qui semble en carton-pâte, avec des panneaux de murs rotatifs, une porte au premier étage donnant sur le vide, un plafond qui s’assouplit comme un drap tendu. Toute de guingois, elle ressemble à un dessin d’enfant mal proportionné ou à une montre de Dali qui se serait liquéfiée d’un côté. L’ensemble est hilarant, et donne lieu à un plan parfait lorsque les époux la découvrent après un sérieux coup de vent.
Très drôle, inventif et rythmé, ce court-métrage aura de quoi plaire aux petits comme aux grands et est effectivement un bon choix pour initier des enfants au cinéma muet en noir et blanc.