Le photographe Jeffries est coincé chez lui à cause d’une jambe dans le plâtre et a pour distraction de regarder la vie de ses voisin(e)s d’en face avec son téléobjectif. Une nuit d’insomnie, il remarque les allers-retours étranges d’un homme avec sa valise…
Movie Challenge 2020 : un film sorti l’année de naissance d’un de mes parents
Cette catégorie n’était pas la plus évidente pour moi qui ai une tendance prononcée à ne regarder que des films plus jeunes que moi. J’ai arpenté les listes des sorties par année sans trop de conviction jusqu’à tomber sur ce classique d’Hitchcock, dont je n’avais jusqu’ici vu que Psychose, sans que je sache très bien pourquoi, car j’avais beaucoup aimé ce film découvert au collège en cours d’anglais.
Pour moi, jusqu’ici, « Fenêtre sur cour » était avant tout une double référence musicale liée à mes années de lycée : d’une part, celle du clip de la chanson « Les voisines » de Renan Luce, d’autre part celle de ma chanson préférée des Wriggles « Fenêtre sur cœur » (dont je recommande l’écoute à mes ami(e)s cinéphiles). Et j’étais assez curieuse de découvrir l’œuvre originale qui a inspiré ces titres.
J’ai beaucoup aimé dès la scène d’ouverture les choix de placements de caméra qui permettent, d’un mouvement d’arc de cercle, d’embrasser toute la cour, les fenêtres des différents protagonistes et jusqu’à Jeffries lui-même (James Stewart), accablé de chaleur sur son fauteuil de convalescent. Forcément quand il s’agit d’épier ses voisin(e)s par la fenêtre, le cadrage tient un rôle prépondérant dans l’efficacité du film. Chacun(e) n’apparaît que dans le cadre constitué par le format de sa fenêtre (en hauteur, large baie vitrée, derrière des stores à demi-tirés…). Cela donne à la vie des gens l’apparence d’un théâtre de marionnettes, impression accentuée par la présence du petit chien descendu dans la cour par sa maîtresse au moyen d’un panier accroché à une corde, il suffit donc de « tirer les ficelles » pour que les personnages s’animent.
Lisa (Grace Kelly) ne manque pas de reprocher à Jeffries ce qui lui semble bien plus qu’un spectacle léger et amusant, un voyeurisme coupable. La vie des autres prend un tour plus sombre qui pousse les deux protagonistes à réévaluer leur vision de cette activité lorsqu’ils soupçonnent le voisin d’en face au chapeau d’avoir assassiné son épouse impotente. Ici, point de scène choc et d’angoisse prégnante comme dans Psychose, l’enquête reste à distance du crime, le meurtre seulement évoqué en paroles (Stella l’infirmière paraît d’ailleurs éprouver un malin plaisir à en envisager les détails sordides). Et en cela le film conserve jusqu’au dernier quart d’heure une tonalité plutôt légère. Convaincre l’ami policier de Jeffries relève presque d’un jeu où il faudrait trouver des indices, légèreté accentuée par le badinage permanent entre Lisa et Jeffries, pour lesquels cette affaire devient une opportunité de mettre de côté leurs différends et de se prouver la possibilité d’accomplir quelque chose ensemble chère à la jeune femme.
Certes, la fin est un peu plus mouvementée, mais la scène de clôture revient à une humeur estivale plus badine, corroborée par la résolution des situations des autres voisin(e)s, présences en filigrane apportant un ancrage quotidien au drame. Finalement le théâtre de marionnettes reprend du service une fois débarrassé du méchant qui avait causé l’ouverture des fenêtres et l’unique interaction entre les membres du voisinage. Chacun réintègre le cadre de sa fenêtre, rétablissant l’équilibre initial comme dans la structure littéraire classique où la fin n’est que le rétablissement d’une situation initiale qu’avait dérangé un élément perturbateur.
Le film est finalement beaucoup plus intéressant dans l’analyse de sa structure narrative et de ses choix visuels que dans l’histoire qu’il raconte, qui semble presque un prétexte à la mise en place de ce concept de film par la fenêtre, très plaisant au demeurant.
Il m’a toujours fasciné ce film. J’avais trouvé l’idée de la jambe cassée juste parfaite pour expliquer pourquoi il passe ses heures à la fenêtre. Dans un sens, c’est étonnant qu’il n’y ait pas eu un plus grand nombre de remakes et pastiches, même si l’original est difficile à concurrencer.
Il a dû y en avoir pendant le confinement je pense des pastiches !
Oh… toi, t’es dans la confidence de Dany Boon. 😀 Allez avoue ! C’est ça son projet de film sur le confinement ?
Hahaha je sais pas ce que c’est mais je sais que j’irai pas le voir ! XD
Pareil. X) Dommage, on ne saura pas, du coup. Si ça se trouve, peut-être a-t-il eu une idée géniale, novatrice et capable de transformer durablement le cinéma français.
Ha ha on sait jamais tiens, un coup de génie !
Un film mythique qui fait réfléchir à la nature du cinéma – les films d’Hitchcock font toujour réfléchir à quelque chose. Je me dis parfois que tous les plus beaux films de l’histoire du cinéma ou presque sont plus vieux que moi. Bonus au cas où : https://newstrum.wordpress.com/2016/06/23/fenetre-sur-cour-dalfred-hitchcock-quest-ce-que-le-cinema/
Haha je me dis jamais ça, mes films préférés sont pour la plupart d’après 2000.
C’est ce que j’ai cru comprendre, mais du coup tu as la chance d’avoir encore des centaines de films merveilleux à découvrir car le vivier du cinéma classique est inépuisable. 🙂
Certes, et d’autres centaines encore parce qu’il sort plein de magnifiques films chaque année. Une vie n’y suffira pas !
« toujours », pardon…