Sal et ses amis, qui se rêvent écrivains, rencontre le fêtard Dean qui brûle la vie par les deux bouts. Il les entraîne à sillonner les États-Unis en voiture…
Je le confesse volontiers, je n’ai pas lu Sur la route de Kerouac. En dépit de son statut d’œuvre culte, ou sans doute un peu à cause de celui-ci, le livre ne m’a jamais tenté. Ce qui m’a donné envie de voir le film – disponible cette semaine dans le programme MK2 Curiosity –, dont j’ai d’ailleurs mis un certain temps à comprendre qu’il s’agissait d’une adaptation, c’est purement et uniquement son casting.
Il faut dire que l’affiche vend du rêve, réunissant en particulier un quatuor d’actrices à tomber : Kristen Stewart, Kirsten Dunst, Amy Adams et Elisabeth Moss. Le casting masculin n’est pas mal non plus, avec Sam Riley, Tom Sturridge, Viggo Mortensen, et j’y ai découvert Garrett Hedlund. Cependant, « réunir » est un bien grand mot car la plupart de ces personnages ne font que se croiser. L’histoire tourne surtout autour du trio Sal/Dean/Marylou, les autres n’étant que des satellites qui gravitent dans leur orbite.
Esthétiquement, la promenade américaine est plaisante. On retrouve le talent de Walter Salles pour filmer des paysages écrasés de soleil (en particulier dans la partie mexicaine) qu’on avait déjà bien perçu dans le grand Carnets de voyage qui m’avait fait forte impression il y a une quinzaine d’années. L’atmosphère d’une après-guerre où la vie n’a plus de sens et où l’on cherche la perdition de l’âme dans les drogues, les alcools, la débauche, est bien rendue, par une précision des décors et accessoires et une caméra qui sait suivre le rythme des corps déchaînés.
C’est bien fait, certes, mais sur le fond, le long-métrage ne m’a pas vraiment accrochée et m’a fait l’effet d’une jolie coquille vide. Je me demande si ce problème tient à l’adaptation ou peut-être à la matière qu’il adapte. Dean et Sal passent leur temps sur la route, à visiter le pays en long en large et en travers, mais tout ce qu’ils en voient ce sont les endroits où fumer, boire et fréquenter des filles, et les petits boulots qui leur permettent de payer le retour. Je conçois l’importance de telles expériences pour l’inspiration (le film m’a un peu fait penser à Martin Eden sur ce point) mais à regarder, ça n’a pas grand intérêt. D’autant que les personnages sont assez antipathiques : entretenus par leurs parents (sauf Dean), égocentriques, futiles, ils manquent de l’empathie pour les pauvres hères qu’ils croisent et de la profondeur qui auraient pu les rendre sympathiques. C’est comme s’ils étaient incapables de tirer aucune analyse sociale de ce qu’ils découvrent, ni aucune analyse psychologique de leurs propres comportements. Le plus attachant, c’est sans doute Carlo, mais malheureusement c’est celui que l’on voit le moins.
J’ai aussi beaucoup déploré qu’il n’y ait aucune interaction entre les femmes du film, réduites chacune à un objet de désir ou d’ennuis pour les hommes. C’est dommage avec des talents pareils de ne leur offrir aucune scène en commun, alors que les personnages masculins, eux, n’ont quasiment que ça.
Finalement, je me prends à regretter que le réalisateur et ses acteurs/trices n’aient pas mis à profit leur collaboration autour d’un autre projet, avec une intrigue plus profonde, peut-être plus inédite aussi.
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