Ron Stallworth a toujours rêve de devenir flic, et il est le premier homme noir à intégrer le commissariat de Colorado Springs. Affecté au renseignement, il appelle un numéro dans le journal et prend contact avec le Ku Klux Klan en se faisant passer pour un Américain blanc raciste…
Mea culpa. Oui, « je bats ma coulpe » comme disait mon prof de philosophie, car lorsque le film de Spike Lee est sorti, puis qu’il a été nommé aux Oscars, je n’ai jamais eu envie de le découvrir. J’ai vu Green book, The Hate U Give, If Beale Street Could Talk, et à un moment j’ai saturé des films américains sur la question raciale. Le film de Spike Lee en a d’autant plus facilement fait les frais que je ne connaissais pas le travail du réalisateur.
Puis grâce à un code pour voir un film parmi une sélection CanalVOD, je lui ai laissé sa chance. Et j’ai été très agréablement surprise. D’abord par l’ambiance très réaliste avec un début sur des images d’archives puis de faux discours de militant raciste. Puis par le personnage principal de Ron, rendu très sympathique par le jeu chaleureux et dynamique de John David Washington. On s’attache rapidement au personnage, qu’on a envie de voir concrétiser ses ambitions.
En dépit de quelques longueurs au milieu, le long-métrage est globalement dynamique, avec une mise en scène très réussie. J’ai en particulier beaucoup apprécié la scène de danse dans un club dont les lumières sont magnifiques et le montage superbe, ainsi que la scène d’entraînement au tir champêtre avec son choix de bande-son étonnant qui vient apporter de la tension à des plans presque statiques sur les herbes hautes.
Sur le fond, le pitch est suffisamment prenant et l’incarnation par John David Washington et Adam Driver (qui a toujours l’air d’avoir deux de tension mais ici ça tombe assez bien) assez authentique pour qu’on se prenne vraiment au jeu de cette infiltration. Le sujet a beau être très grave, le film garde une tonalité légère et distrayante, avec de vraies scènes de comédie et d’autres de tension comme dans un film d’espionnage, l’ensemble offrant une humeur à la The Man from UNCLE. C’est vraiment ce qui m’a séduite, ce côté très divertissant et fun, avec explosions, risques de se faire démasquer et sauvetages de situation de dernière minute.
Les acteurs qui incarnent les membres du Ku Klux Klan sont vraiment convaincants, mais plus ridicules que terrifiants. La manière de les tourner en dérision, même quand ils s’apprêtent à commettre des atrocités (par exemple avec le couple Félix-Connie) participe de la belle humeur ironique du film.
Par contraste avec ce ton de comédie d’action policière, presque de buddy movie même si la relation entre « les deux Ron » aurait pu être un peu plus creusée pour mériter cette appellation, la fin qui présente des images d’archives réelles d’attentats et émeutes perpétrés par le Ku Klux Klan m’a paru en décalage et ne m’a pas convaincue. C’est une mode de terminer une fiction par des images documentaires, dont le systématisme commence à m’agacer. Ici, le contraste trop grand avec toute la fiction qui a précédé paraît maladroitement moralisateur, et c’est dommage, car tout le reste était terriblement réussi. Il n’empêche que ce film aurait fait un bien plus bel Oscar du meilleur film que Green book.
C’est pas faux. 🙂 Mais Green Book était bien aussi, il avait ses qualités.
En tout cas, j’ai vraiment aimé BlackKKklan, même si je n’ai jamais réussi à écrire convenablement son titre. C’est un film qui donne de la pêche.
Sur le coup j’ai trouvé Green Book divertissant même si je trouve Mortensen hyper cabotin dedans. Et ensuite j’ai su qu’ils n’ont même pas consulté la famille du perso incarné par Mahershala Ali et que d’après ses descendants le film ne respecte pas du tout la réalité. Un film sur la question raciale fait par un homme blanc qui suit le point de vue d’un homme blanc sans consulter la famille du protagoniste noir… problématique.
J’ai beaucoup aimé ce film, d’autant plus que je l’ai vu avant les autres que tu cites, donc ce n’est pas avec celui-ci que j’ai eu cette même impression que toi de saturation de films à problématique raciale. Après, ce qu’on peut leur accorder à tous, c’est qu’ils abordent le sujet de façon radicalement différente, notamment Blackkklansman.
Pour ma part, j’ai été très sensible au contraste de fin, justement, dans l’idée « on a passé 2h à rire du sujet, c’est cool, mais n’oublions pas la réalité du sujet ». Même si elles paraissent très déconnectées du film, les parallèles entre les images d’archive et les scène de fiction sont nombreuses et prégnantes. Ça fait longtemps, donc je ne saurais plus détailler, mais je me souviens particulièrement d’une image de Trump dont une scène du film semblait quasiment copiée-collée ! ^^
Oui je vois bien l’idée, en gros c’est montrer que ce que le type joué par Topher Grace voulait faire, c’est ce que Trump a fait. Mais ça fait un peu gros sabots comme démonstration pour moi. Surtout par rapport à la finesse du film par ailleurs.
Sur le moment (et je crois même que j’avais tweeté à ce sujet à l’époque), les images d’archive me semblaient fortes. Mais avec le recul, je suis comme toi, pas si convaincue par ce choix, comme si on ne faisait pas confiance aux spectateurs. Mais en tout cas, contente que tu aies rattrapé ce chouette film !
Ah voilà, on est d’accord ! 😉