Marie-Jo est mariée à Daniel, qu’elle aime et avec qui elle a une fille, Julie. Mais Marie-Jo aime aussi son amant, Marc, qui la voudrait tout à lui…
Il y a quelques mois, au détour d’une conversation à propos de Gloria Mundi, que j’avais beaucoup aimé, on m’avait vivement conseillé Marie-Jo et ses deux amours comme étant le plus beau film de Robert Guédiguian.
J’attendais donc un film dans la même veine que ceux que j’ai appréciés de lui tels que Les Neiges du Kilimandjaro, mais en mieux, d’autant qu’on retrouve au casting des habitués du réalisateur : Ariane Ascaride (Marie-Jo), Jean-Pierre Darroussin (Daniel), Gérard Meylan (Marc), Julie-Marie Parmentier (Julie).
Il y a effectivement de belles choses dans ce film, des images toutes simples d’amoureux sous la lumière de Marseille, un bateau au nom de la femme aimée, Jean-Pierre Darroussin et Ariane Ascaride qui dansent un rock endiablé, « Me Gustas Tu » de Manu Chao et « Évidemment » de France Gall… La simplicité, c’est une des grandes caractéristiques du cinéaste, et ce qu’il réussit le mieux. Pourtant, à un moment, cela ne suffit pas forcément.
Très vite, je me suis copieusement ennuyée. Parce que cette histoire semble tourner en rond, au gré des indécisions de Marie-Jo qui met un temps infini à décider de tenter de trouver une solution à sa situation. Pendant toute la durée du film, j’ai essayé de me dire, me fiant à l’image, que dans les années 90, le polyamour était moins documenté qu’aujourd’hui et qu’il ne fallait pas demander trop d’ouverture d’esprit aux personnages. Mais quand j’ai découvert que le film date de 2002 je suis tombée des nues. Tout sauf moderne, de l’intrigue aux mentalités en passant par les tenues et les accessoires, le film a un côté vieillot, dépassé, qui explique en partie mon incompréhension totale quant aux réactions des personnages.
Globalement, c’est beaucoup de bruit pour rien, et une tendance à tout prendre au tragique, qui fonctionne nettement moins bien que la référence à la tragédie à l’antique présente dans Gloria Mundi. Et pour cause, dans le plus récent film du réalisateur, à cette trame un peu grandiloquente à l’ancienne se mêlait le traitement réaliste de sujets sociaux contemporains très fins dans leur analyse et audacieux dans les caractères présentés. Or dans Marie-Jo, ce qui m’a le plus désagréablement surprise, c’est l’absence quasi-totale (hormis une grève hospitalière et quelques récriminations des ouvriers de Daniel) d’un propos social ou politique. Je croyais naïvement que ce caractère d’interrogation des faits de son temps était le nerf du cinéma du Marseillais.
Hélas, dépouillé de la force de l’analyse et du miroir tendu aux contemporains sur les travers des systèmes sociaux dans lesquels ils vivent, il ne reste qu’une histoire banale et des personnages manquant de vitalité et de nuances, incapable d’essayer d’envisager une histoire à trois ou un couple libre comme le cinéma nous en a offerts bien d’autres, par exemple dans l’excellent À trois on y va. Bref, grosse déception que ce film pour lequel j’ai du mal à comprendre l’engouement.