« La figurante », libre de choisir sa vie

couverture-livre-la-figuranteCamille a toujours laissé les événements décider pour elle, en se conformant aux attentes sociales et en se réservant des espaces à la marge pour se donner l’impression d’une rébellion…

J’avais été intriguée par ce roman comme je le suis souvent par les parcours féminins, et l’image de la figurante me faisant évidemment penser au cinéma, il ne m’en a pas fallu davantage pour avoir envie de me plonger dans le texte de Pauline Klein.

J’ai été un peu déroutée par le style, car Camille raconte sa vie à la première personne, et sa vie est quelque chose de si mouvant et décousu, en tout cas dans la façon dont elle-même la perçoit, qu’il est compliqué à la lecture de vraiment entrer dans l’histoire.

Et pour cause, d’histoire, il y a assez peu, car la narratrice semble s’obstiner à laisser le moins de traces possibles de son passage sur Terre, à peine une désorganisation légère du système qui lui donne l’impression d’exister, mais surtout sans risquer d’accomplir quoi que ce soit. C’est un pari audacieux que s’est lancée Pauline Klein : de même qu’il est difficile de produire un livre sur l’ennui qui ne soit pas ennuyeux, il est complexe de proposer un roman sur un personnage apparemment aussi dénué de consistance sans que l’intrigue en pâtisse.

L’intrigue en elle-même s’éparpille et s’effiloche au gré des tentatives du personnage de trouver sa place, comme petite main dans une galerie branchée, auprès de sa mère ou en se mettant en couple. On a vingt fois envie de la secouer pour qu’elle se mette vraiment à vivre, de lui dire que le temps passe trop vite pour ainsi végéter, même s’il y a dans l’apologie de la paresse quelque chose de séduisant qu’avait bien su exploiter le film Libre et assoupi. Mais libre, Camille ne l’est pas, et son choix de se conformer aux attentes apparaît plutôt comme un non-choix. Quand elle se croit libre et maline de perdre son temps à mettre le bazar dans les réserves de la galerie, elle n’est qu’un pion du système. Quand elle pense choisir un homme à l’opposé du milieu qui l’a vue grandir, elle ne fait que faire plaisir à sa mère avec une perspective d’ascension sociale. Quand elle couche avec le premier venu comme pour faire une expérience, elle finit par subir ce qui s’apparente à des viols. Car Camille cède à l’existence, à la rigueur y consent-elle parfois, mais jamais elle n’affirme un choix plein, engagé et éclairé.

Finalement la métaphore cinématographique est bien trouvée, car le parcours de Camille est une évolution de silhouette parlante à premier rôle de sa vie. Mais c’est aussi une évidente métaphore d’un début de prise de conscience féministe, et c’est en cela, qui s’exprime surtout dans les réflexions sur la sexualité et le couple, que le roman touche au plus juste.

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