« Lovely bones », partir en paix

Susie mène la vie normale d’une ado de 14 ans entre sa passion pour la photo et son crush pour un lycéen. Mais elle est assassinée par un voisin, et se retrouve à errer entre la Terre et le Paradis en attendant que justice soit rendue…

 Movie Challenge 2020 : un film avec un meurtre

Cela faisait presque 10 ans que je me disais qu’il faudrait voir ce film, sans vraiment trouver le courage d’affronter l’horreur de l’histoire racontée. C’est en voyant Les Filles du docteur March et Saoirse Ronan jouant Jo aussi bien ado qu’adulte que je me suis souvenue de ce rôle de ses jeunes années qu’il me restait à découvrir.

J’ignorais même que le film était réalisé par Peter Jackson avant de le lancer et cela m’a copieusement étonnée. Je m’attendais à un film indé US presque façon A Ghost Story, pas à un long-métrage du réalisateur spécialiste des effets spéciaux à l’époque de son adaptation du Seigneur des anneaux.

Pourtant, le début du film est plutôt dans l’esprit que j’avais imaginé : on fait connaissance avec la jeune Susie dans son quotidien, on découvre ses parents fort sympathiques (Mark Wahlberg et Rachel Weisz), sa sœur et son frère, sa grand-mère au penchant pour l’alcool (Susan Sarandon). Il y a de jolies scènes poétiques d’emblée, entre la boule à neige et les maquettes de bateaux en bouteille, nimbées d’une lumière dorée qui contraste avec le bleu qui envahit l’écran accompagné de brume dès lors que Susie bascule du côté des défunts.

J’ai accroché à cette première partie, au point de me recroqueviller devant mon écran à l’apparition de Stanley Tucci en criminel (il le joue de façon très convaincante et je l’ai à peine reconnu tant il se fond dans l’odieux personnage).

Ensuite, le film m’a un peu perdue. Quittant un réalisme devenu sombre, qui aurait pu tourner du côté d’une ambiance façon Les Revenants ou Beau Séjour, sur des thématiques similaires, le long-métrage change d’atmosphère et j’ai tout à coup bien perçu la présence de Peter Jackson. On ne lésine pas sur les effets pour nous dépeindre l’entre-deux dans lequel Susie attend sa vengeance, ce lieu totalement chimérique où tous les délires sont possibles et qui finit par ressembler assez furieusement à un monde créé par Tim Burton (les champs dorés du Paradis m’ont rappelé ceux fleuris de Big Fish). Je ne sais pas ce qui est décrit dans le roman d’Alice Sebold mais ces paysages fantasmagoriques ne me paraissent guère convaincant et la narration s’y égare dans des monologues éthérés, alors que je n’avais qu’une envie : savoir si le coupable allait être confondu. Mais petit à petit cela ne semble plus être narratif majeur de l’histoire, et j’ai été assez déçue de cela, comme si tous les éléments convergents jusqu’à lui (l’obsession du père, les éléments apportés au policier, les capacités de Ruth, la découverte de Lindsey…) n’avaient été que des diversions.

J’aurais vraiment aimé voir cette histoire terrible traitée de façon plus réaliste et moins dispersée, avec une ambiance fantastique plus proche du film de fantôme que du conte pour enfant, car c’est vraiment à cet univers que m’a fait penser le « Paradis », ce que j’ai trouvé plutôt inadapté au sujet. Malgré tout les acteurs/trices sont bien choisis et Saoirse Ronan est très touchante et expressive dans ce rôle.