Jean est spécialiste des comportements animaliers. Mais ce qu’il comprend dans les rapports entre les anguilles lui échappe totalement chez les humains et en particulier au sein de sa propre famille…
Je suis vraiment allée voir ce film sans savoir où je mettais les pieds, me demandant s’il s’agissait d’une adaptation du roman de Florence Seyvos lu il y a 3 ans. Aucun nom du casting n’aurait suffi seul à me faire déplacer, mais je trouvais l’association intéressante entre des gens qu’on ne voit pas si souvent à l’écran, et le tout m’a rendu assez curieuse.
Sur le fond, on ne peut pas dire que l’histoire de la famille soit d’une grande originalité ni les thèmes que le film brasse très novateurs. Du côté image, son et réalisation, rien de très particulier non plus à signaler, on est dans une veine du cinéma français assez prolifique autour des familles compliquées qui doivent composer avec le caractère de chacun, les secrets, les inimitiés etc. Le seul point surprenant du scénario, c’est la nomination de Jean comme ministre de la famille, dont on ne comprend pas trop comment elle lui est tombée dessus, par le biais de Christine (Inna Modja), dont on ne comprendra pas vraiment non plus la fonction dans les hautes sphères.
Ce que j’ai bien aimé, c’est la collision de plein d’éléments qui ne devraient statistiquement pas se percuter dans la vie. Il est peu probable qu’une même famille rencontre autant de décès, naissance, annonce de grossesse, séparations, retrouvailles en si peu de temps. Et si on rajoute le fait qu’en plus un membre de la famille se voie offrir une place au ministère, on a clairement perdu toute tentative de réalisme. Mais ce n’est pas grave car c’est ce qui fait l’intérêt du film : comment Jean va-t-il se débrouiller avec tous ces événements qui lui tombent dessus ?
Louis-Do de Lencquesaing s’est écrit un personnage d’homme à côté de la plaque, bien plus à l’aise avec ses théories d’universitaire qu’avec les relations humaines concrètes. Ce qui frappe, c’est sa faculté à manquer de lucidité et de finesse dans sa compréhension de son entourage. Il ne voit rien de ce qui est sous ses yeux, ignore des secrets de famille pourtant aisés à deviner, semble tomber de haut là où les spectateurs/trices ne seront pas surpris(es). Ça le rendrait assez sympathique, ce décalage, même s’il est catalogué comme réac. En fait on ne sait pas grand-chose de ses positions politiques et éthiques, et son comportement ne fait pas vraiment preuve de fermeture d’esprit mais plutôt d’inadéquation.
Comme le film est réalisé de son point de vue, la plupart des personnages qui l’entourent restent assez énigmatiques. On aurait envie d’en savoir plus sur eux, de mieux les connaître, de saisir leurs problématiques propres. C’est notamment le cas de son frère (Thierry Godard), de sa femme (Léa Drucker) et de sa cousine (Laura Smet). J’ai bien aimé les personnages plus âgés, en particulier la mère (Marte Keller) qui vouvoie ses enfants, fait la grande dame débordée, manque de la plus élémentaire empathie et voudrait assommer tout son entourage d’antidépresseurs. Je n’imaginais pas l’actrice dans ce rôle mais elle m’a amusée.
Sans être très marquant, le film a quelque chose d’un peu piquant et par moment assez drôle dans son amertume qui ne m’a pas déplu.