Suzy, étudiante américaine, intègre une prestigieuse école de danse en Allemagne. La nouvelle recrue remplace Patricia, une jeune danseuse qui a brutalement disparu de la compagnie…
Movie challenge 2019 : un film d’horreur
Celles et ceux qui me suivaient déjà en 2016 se souviendront peut-être que j’avais longuement tergiversé avant d’oser regarder The Boy pour cette catégorie du Movie challenge. Et pourtant cette année (un peu aguerrie entre temps par le visionnage de Grave notamment), je me suis empressée de valider cette catégorie !
C’est le Suspiria de Luca Guadagnino qui compte pour le challenge : après Call Me By Your Name, il était évident que, par fidélité, j’allais découvrir le nouveau projet du cinéaste italien, même si on ne peut pas dire qu’il m’ait simplifié la tâche en remakant un film d’horreur. Mais comme pour A Bigger Splash il y a quelques années, j’ai voulu comprendre l’origine du film et j’ai commencé par découvrir fin 2018 l’original de Dario Argento.
Mon appétit avait été aiguisé par les splendides photos du film qui circulaient sur les réseaux sociaux, des plans sur le visage effrayé de Jessica Harper (Suzy) avec des couleurs incroyables, en particulier des rouges saturés absolument dingues. Je m’attendais donc au moins à me régaler sur un plan esthétique. Et certes, j’ai bien aimé les décors de l’école de danse et les couleurs plus que vives, le côté kitsch à souhait (qui m’a permis de ne jamais avoir peur d’ailleurs). En revanche j’ai trouvé que l’ensemble avait beaucoup vieilli, et j’ai été profondément déçue par le scénario. Sous prétexte d’une atmosphère de conte, le film se dispense de toute profondeur et n’utilise la thématique des sorcières que de manière extrêmement superficielle. Argento fait même intervenir un spécialiste de la question qui se contente de dire que celles-ci sont méchantes et très puissantes (je ne caricature pas). Bien la peine d’être spécialiste pour débiter de telles évidences ! La résolution, prévisible, ne m’avait pas davantage convaincue.
Je comptais donc beaucoup sur le film de Guadagnino pour apporter plus de contenu à l’intrigue, d’autant que j’imaginais plusieurs pistes intéressantes à creuser autour de cette histoire. Clairement, on sent que le cinéaste a beaucoup travaillé (avec David Kajganich au scénario). Comme dans A Bigger Splash, il ancre davantage l’intrigue dans un contexte socio-politique, ici le Berlin de 1977 avec les stigmates de la Seconde Guerre mondiale et la bande à Baader, ce qui conduit à un renouvellement total de l’esthétique du film avec des tons gris, froids, et une architecture rappelant davantage le Bauhaus. On ne pourra pas retirer cela au film : c’est un vrai remake, au sens d’une nouvelle œuvre et pas du tout un copié-collé.
Parmi les partis-pris qui m’ont convaincue dans le film, je dois citer le casting et en particulier le choix de Dakota Johnson en Susie, que j’ai trouvée vraiment parfaite dans les scènes dansées et qui déploie un certain mystère. On notera également la performance double de Tilda Swinton en Madame Blanc et Josef Klemperer. La vraie trouvaille du film, à mes yeux, c’est d’avoir fait de la danse une arme, un moyen de torture, par un procédé de transfert d’énergie. C’est ainsi que la scène qui aurait dû me terroriser, celle où Olga est désarticulée par la danse de Susie, est en fait celle que j’ai préférée.
Loin d’avoir été traumatisée par la violence du film, j’avoue que celle-ci, hormis dans la scène citée, m’a ennuyée et sortie de l’histoire. Déjà que les passages en allemand sans sous-titres ont eu tendance à me perdre, la profusion d’éléments, dont on peut se demander ce que certains viennent faire là (l’arc narratif autour de Klemperer et la figure de la mère de Susie, entre autres), et l’exagération gore de la fin m’ont définitivement déçue.
Au final, je n’ai vraiment aimé aucun de ces deux Suspiria, et c’est dommage, car j’aime bien les histoires de sorcières et les films de danse, et j’entrevoyais dans la collision de ces deux genres la possibilité d’une œuvre riche d’interprétations, psychologique et passionnante. Qui sait, ce sera peut-être pour un deuxième remake ?
J’ai beaucoup aimé le film de Dario Argento. Certes, il a vieilli, Mais il est un précurseur des films d’horreur moderne. Il demeure effectivement une beauté kitsch.
J’avoue que je ne suis pas spécialiste du genre. Mais j’en attendais tellement plus sur la danse et la sorcellerie !