Johnnie est mécano à bord du train « General ». Quand la guerre de Sécession se déclare, il veut s’engager pour plaire à sa fiancée Annabelle, mais il est refusé…
Movie challenge 2019 : un film muet
Pour cette catégorie, j’avais l’an dernier joué la facilité en allant piocher dans la filmographie de Chaplin (j’avais tout de même choisi L’Opinion publique qui n’est pas le plus connu). Cette année je me suis décidée à sortir un peu de ma zone de confort. J’entendais des références à Buster Keaton depuis des lustres, et à la faveur d’une conversation avec une enseignante qui avait projeté un de ses courts-métrages en classe, je me suis dit que ce serait l’occasion de découvrir son travail.
Je ne savais pas trop quel film choisir alors j’ai opté pour l’un de ceux qui me semblaient les plus célèbres, ayant déjà entendu ce titre plusieurs fois. Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre.
Je n’ai pas été tellement dépaysée par rapport au style Chaplin je dois dire : au début du film, un mécano maladroit vient rendre visite à sa fiancée, Annabelle. Marion Mack a un look typique des films de l’époque : une moue maquillée, un regard tristounet, des boucles soignées et des robes à froufrous. Je me suis dit « misère, une potiche ». Oui, mais pas tout à fait.
Car la guerre de Sécession est déclarée. Ici on suit le point de vue des Sudistes, du côté desquels se trouvent Johnnie et Annabelle. Le jeune homme ne peut être engagé car il est utile comme mécano, mais il rêve de briller par sa bravoure aux yeux de sa promise. Et le destin lui offre l’occasion de pouvoir arrêter les Nordistes qui ont volé sa General… et embarqué Annabelle à bord, ce que notre brave mécano ignore. Et c’est parti pour une demi-heure de gags à n’en plus finir sur les voies de chemin de fer. On est dans un film d’action, avec espions, fusillades, plans secrets, mais dans une version désopilante grâce à l’inénarrable Johnnie. J’ai vite compris le statut de légende de Buster Keaton, entre ses mines déconfites et ses acrobaties pour passer d’un wagon à l’autre, avec une capacité étonnante à se retrouver emberlificoté d’un rien. Il y a évidemment quelques facilités (le pauvre homme trébuche sur son arme dès qu’on lui procure une épée) et on se doute bien de la façon dont tout ça va finir. Mais tout de même, entre temps Annabelle s’aguerrit un peu et, bien que pas très dégourdie, réussit à prendre une place plus active que le rôle qui lui semblait destiné au départ.
Mais tout de même, le film rebondit en nous sortant des rails pour un petit détour par la forêt et une maison où s’abriter… qui va propulser notre mécano dans une situation encore plus héroïque. Je suis admirative des procédés filmiques qui, pour l’époque (1926 !), sont variés et au plus près de l’action, avec des contrastes de lumière intéressants et des effets qui n’ont pas mal vieilli (l’écroulement du pont par exemple).
On y croit, quand bien même les exploits souvent involontaires de Johnnie ne sont pas crédibles un instant, on se laisse emporter par son élan, et on revisite l’histoire américaine avec un plaisir enfantin.
Un des grands chefs d’oeuvre du génial Buster Keaton, maître du gag, du timing, grand cinéaste dont l’influence a largement dépassé son époque. En 1926, il est à ses sommets, tout comme le cinéma muet qui est en pleine maturité, un âge d’or pour le cinéma que ce soit en termes de création qu’en termes de succès. D’ailleurs la scène de l’effondrement du pont est totalement authentique et a été la cascade / scène la plus chère de l’époque. Une très belle porte d’entrée vers le cinéma de Keaton (que je ne peux que t’encourager à découvrir davantage avec des films comme Sherlock Junior ou Les lois de l’hospitalité, parmi tant d’autres) et le cinéma muet en général. 🙂