Ada est promise à Omar, mais vit en cachette une amourette avec Souleiman. Mais un soir, toutes les filles du quartier sont consternées : lassés de ne pas recevoir leur paye sur le chantier, les garçons sont partis en pirogue direction l’Espagne…
Je ne vais pas dire que j’avais spécialement hâte de voir Atlantique. Je n’avais pas compris précisément de quoi il retournait, on parlait des migrants qui s’en vont et de celles qui restent lors de la sortie cannoise, et dans ma tête défilaient mes références sur le sujet comme Welcome ou Samba. Le film a surpris en recevant le Grand Prix, et je me suis dit qu’il faut donner leur chance aux jeunes réalisatrices comme Mati Diop.
J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire d’Ada et Souleiman, dont les interprètes m’ont semblée en sous-jeu constant. J’ai lutté pour m’accrocher à leur histoire, en dépit d’un manque flagrant d’émotions. Me répétant que tout de même, il s’agit d’une situation terrible, j’ai essayé de prendre fait et cause pour cette jeune fille mariée à un homme qui ne lui plaît pas et inquiète pour celui qu’elle aime. Au lieu de se concentrer sur ce personnage féminin central qui sur le papier avait un potentiel certain, l’écriture s’égare autour d’une galerie de copines interchangeables et assez désagréables.
Mais j’espérais encore une entrée dans le vif du sujet lorsque le film a basculé vers le fantastique. On se retrouve d’un coup plongé dans un délire à la Zombi child (qui ne m’avait déjà pas complètement convaincue), avec des effets de série B. Cette histoire de possession a bien du mal à passer (pour preuve les rires qui ont fusé dans la salle à chaque apparition des « zombies »).
Je comprends l’idée, la métaphore, le désir de vengeance qui pointe la responsabilité du chef de chantier, le souvenir des hommes disparus qui hante (au sens propre) leurs amoureuses et amies. Pourtant l’exécution m’a semblé maladroite, entre musique trop forte et répétitive, effets cheap, résolution facile à deviner, et au milieu de cela quelques jolis plans qui hélas ne suffisent pas.
Finalement le film m’a ennuyée et cela me met assez mal à l’aise. Comment sur des thématiques aussi fortes que le sort tragique des migrants disparus en mer et l’impossible émancipation féminine dans des sociétés où les mariages sont arrangés pour des raisons financières, peut-on aboutir à un résultat où la seule réaction de la salle est de rire ? Comment manquer à ce point l’émotion et la révolte qui devraient nous saisir ? La fin, qui veut faire d’Ada le personnage fort du film, contraste avec l’heure et demie qui précède, durant laquelle la jeune fille n’a jamais exprimé clairement quelque désir ou volonté capable de nous lier à son sort. Il est peut-être là, le problème : l’angle qui aurait pu porter l’intrigue vient trop tard, à un moment où clairement, nous n’en avons plus rien à faire.
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