Delphine devait partir en vacances en Grèce avec une amie, mais celle-ci annule au dernier moment. Toutes ses copines partent avec leur petit ami, et Delphine est triste de se retrouver seule à Paris. Une amie lui propose de venir avec elle à Cherbourg dans sa famille…
2019 est vraiment l’année Rohmer pour moi. Après les Contes des quatre saisons et L’arbre, le maire et la médiathèque, j’ai découvert Le Rayon vert. J’ai choisi celui-ci parmi les Contes et proverbes car il m’intriguait pour deux raisons : premièrement son sujet me parlait, cette histoire d’une fille esseulée qui rate ses vacances (probablement parce que j’ai dû annuler toutes les miennes cette année pour des raisons de santé), et deuxièmement, j’avais lu que le cinéaste avait laissé ses comédien(ne)s improviser à partir d’un scénario vague, ce qui m’a beaucoup surprise. En effet, j’avais beaucoup aimé dans ses autres films le côté justement très écrit, avec des dialogues très réfléchis et précis, et je me suis demandé comment ce style pouvait s’associer à une improvisation.
On retrouve comme héroïne de ce film Marie Rivière, une des habituées du cinéma de Rohmer. Ici les rôles avec Béatrice Romand sont inversés par rapport au Conte d’automne : c’est Delphine qui se plaint de sa solitude et Béatrice qui l’encourage à chercher à faire des rencontres. Finalement les dialogues sont tout de même assez proches de ceux qu’on trouve habituellement chez le cinéaste : des réflexions sur les relations amoureuses et amicales, des atermoiements du cœur et des marivaudages. Ici il y a peut-être des éléments un peu plus répétitifs du fait de l’improvisation, mais le tout donne une impression moins théâtrale et plus naturelle que dans d’autres films.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Delphine, qui promène son spleen aux quatre coins de la France, de Cherbourg à Biarritz en passant par La Plagne. Je pense qu’elle pourrait agacer certain(e)s par son côté velléitaire, qui n’est pas sans rappeler le Gaspard de Conte d’été, qui se plaint de n’intéresser personne. Mais contrairement au jeune homme chez qui cette attitude a quelque chose de la pose, Delphine semble sincèrement douter d’elle-même et de la possibilité de rencontrer l’amour, et c’est ce qui me l’a rendue sympathique.
Deux autres éléments m’ont particulièrement marquée dans ce film : d’un point de vue technique, il a un côté vraiment amateur, notamment dans le montage de la scène final, qui a vraiment l’air fait à la serpe. Mais si l’image a vieilli, sur le fond, le texte est extrêmement actuel, en particulier lors du repas de famille à Cherbourg qui donne lieu à un débat sur le végétarisme qui ne déparerait pas en 2019. Delphine avance des arguments écologiques qui valent encore aujourd’hui, et j’ai été surprise de constater que, comme dans L’arbre, le maire et la médiathèque, des films datant d’une trentaine d’années puissent être si modernes. Décidément, le cinéma rohmérien n’en finit pas de me surprendre et de m’enchanter.
J’avais beaucoup aimé ce petit film lors de sa sortie. Je n’ai jamais eu »l’occasion de le revoir et je suis content de lire qu’il est encore d’actualité.
Il était dispo sur arte le mois dernier. 🙂
Et zut !
Leur site est une telle mine, difficile de réussir à tout voir !