« Ceux qui travaillent » : God bless capitalism !

affiche-film-ceux-qui-travaillentFranck travaille dans un grand groupe de fret maritime. Lorsqu’un capitaine de cargo découvre un clandestin malade dans un canot, Franck doit prendre une décision lourde de conséquences… 

J’avais dit il y a peu que j’aimais bien les films sur le monde du travail. Après avoir découvert Corporate récemment, il était logique que j’aille voir Ceux qui travaillent. Le titre fait référence à une réplique du film, lorsque Franck demande au petit ami de sa fille s’il veut faire partie de « ceux qui travaillent » ou de ceux qui ne font rien.

Après avoir souvent incarné des personnes de milieux ruraux (L’odeur de la mandarine) ou modestes (Grand Central, La fille inconnue), Olivier Gourmet met son côté taiseux et sa silhouette terrienne au service d’un col blanc illustrant le mythe du self-made man. Parti d’une cour de ferme, Franck a gravi les échelons à la sueur de son front, ne pouvant compter sur aucun diplôme ni aucun réseau. C’est un portrait intéressant d’homme sérieux et acharné, persuadé que sa valeur se mesure au poste qu’il occupe et à l’argent qu’il gagne (et fait gagner à son entreprise). C’est un type de personnage très ancré dans une époque, celle de l’ascenseur social, avant que les travailleurs n’aient le choix entre les diplômes ou la précarité (l’un n’excluant pas toujours l’autre).

Cette époque qu’incarne Franck, c’est celle du capitalisme triomphant qui l’a mené dans cette grande entreprise, avec cette chaise de bureau luxueuse, dans cette grande maison avec piscine, à entretenir sa femme et ses cinq enfants pour lesquels les biens de consommation semblent tomber du ciel.

Sur le fond, le sujet est passionnant et l’angle choisi intéressant. Si souvent la violence au travail reste métaphorique au cinéma, ici elle devient d’une cruauté physique, même si l’horreur de la situation ne sera pas directement montrée à l’écran, simplement évoquée dans des conversations.

Si l’acteur s’en sort avec brio et forme avec la petite Adèle Bochatay un duo père-fille contrasté (elle a toute la naïveté qu’il n’a plus depuis belle lurette), le film pèche toutefois par son manque de rythme. Des scènes très étirées, des conversations peuplées de blancs interminables, des moments en voiture avec caméra embarquée lassants, les choix de mise en scène ne rendent pas toujours justice à l’intelligence de l’écriture. On retiendra tout de même du film d’Antoine Russbach quelques très bonnes idées (la journée d’éveil) et un propos implacable.

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