« Conte d’automne » : les marieuses

affiche-film-conte-d-automneMagali vit seule au milieu de son vignoble mais aimerait rencontrer quelqu’un. Isabelle, son amie libraire, et Rosine, la copine de son fils, se mettent en tête de lui présenter des hommes.

Avec un peu d’avance sur le calendrier, j’ai achevé ma découverte des Contes des quatre saisons d’Éric Rohmer avec le Conte d’automne. Moyennement emballée par le Conte de printemps, j’avais en revanche beaucoup aimé la foi de l’héroïne du Conte d’hiver et le marivaudage déceptif du Conte d’été.

Ce Conte d’automne est à vrai dire plutôt l’histoire d’une fin d’été, et dans ses thématiques, il est d’ailleurs plus proche de l’été que de l’hiver, du côté du marivaudage également. Ici, après un temps de présentation des personnages un peu long qui nous laisse dans le flou, on finit par saisir l’enjeu : Isabelle (Marie Rivière, en libraire élégante et sûre d’elle) et Rosine (Alexia Portal, en étudiante insouciante) se fixent, chacune de son côté, un même but : trouver un homme à présenter à Magali (Béatrice Romand, une habituée du cinéma de Rohmer depuis Le genou de Claire), qui souffre de sa solitude depuis que ses enfants sont grands. Mais les deux femmes ne sont pas complètement désintéressées dans l’affaire, car comme souvent chez ce cinéaste habile à sonder l’âme humaine, nul n’est purement charitable. Ici, Rosine cherche à rassembler deux personnes qu’elle aime, et à simplifier par là même sa propre situation. En présentant son ex, prof de philo, à Magali, la mère de son copain actuel, elle espère pouvoir garder les deux comme amis, quand bien même elle quitterait Léo. Quant à Isabelle, elle veut prouver à son amie qu’elle a tort de se méfier des petites annonces matrimoniales (le Tinder de l’époque !) et qu’elle peut tout à fait rencontrer un homme convenable par ce biais.

Ces deux personnages plein de vie et d’assurance contrastent avec une Magali plus en retrait, sérieuse, timide, peu habituée aux mondanités, qui a peur de déplaire. Pour autant c’est une femme de caractère, qui ne veut pas se caser à n’importe quel prix et surtout pas celui de sa liberté et de sa passion pour son travail. J’ai bien aimé ce personnage et ses répliques, empreintes d’un mélange de crainte adolescente et de maturité.

Les hommes du film sont en retrait : Didier Sandre incarne le cliché du prof qui n’aime que les étudiantes, quoi qu’il en dise, Stéphane Darmon ne joue pas très bien un personnage de toute façon très creux. Reste Alain Libolt (vu récemment dans L’Ordre des médecins), qui aurait pu n’être que le dindon de la farce mais tire assez bien son épingle du jeu.

Sur le fond, malgré une légèreté affichée, le film a le mérite d’aborder le sujet de l’âge et des femmes qui se sentent vieillir : peut-on encore plaire à un homme de son âge quand on est une femme mûre dont les enfants sont grands ? Ou doit-on se résigner à vieillir seule si les hommes mûrs n’ont d’yeux que pour les jeunes filles ? Ce Conte d’automne est celui des fleurs qui fanent et des espoirs qui tombent, d’une lucidité des adultes face aux « rêveries » de jeunes filles critiquées à plusieurs reprises dans le film. Le dernier des contes est bien le plus grave, celui qui tourne la page de l’insouciance de la jeunesse.

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