« Chacun cherche son chat » : Paris solidaire

affiche-film-chacun-cherche-son-chatChloé confie son chat à une vieille voisine pendant ses vacances. Mais à son retour, Gris-Gris a disparu, enfui par une fenêtre. De bouche à oreille, tout le quartier apprend la disparition et se met en quête du fugueur…

Je connaissais ce film de nom seulement, mais lors de l’avant-première de Deux Moi, il a été à plusieurs reprises évoqué dans les questions posées à Cédric Klapisch (et notamment par Hippolyte Girardot). Je me suis donc dit qu’il fallait que je le voie pour comprendre les remarques des spectateurs/trices.

D’emblée, j’ai bien compris le rapport entre les deux films : l’un des sujets du long-métrage, c’est la vie d’un quartier de Paris. Comme dans Deux Moi, on suit des voisins, on découvre les commerces du quartier (on aperçoit même la devanture d’une épicerie qui ressemble furieusement à celle tenue par Simon Abkarian, d’ailleurs également présent parmi les voisins). Ce n’est certainement pas un hasard si on retrouve toujours plus ou moins les mêmes têtes parmi les passants et commerçants des films du réalisateur : il y a là toute une vie parisienne de quartier incarnée par Zinedine Soualem, Garance Clavel, Renée Le Calm…

Dans Chacun cherche son chat, le quartier, proche de la place de la Bastille, est éventré par les travaux : partout des grues, des démolitions, des expulsions des habitants historiques du quartier, symbolisés dans le film par les petites mamies en quête du chat perdu. C’est un Paris qui change de figure, où le prix du café s’envole au bar prisé par les jeunes bobos au look hippie, qui vivent en coloc et travaillent dans l’art ou la mode. La gentrification va de pair avec une certaine solitude, celle de Chloé qui n’a finalement que Gris-Gris comme confident, qui rêve d’amour mais ne trouve sur sa route que des dragueurs/euses de comptoir pour lesquel(le)s les filles sont des biens interchangeables. Elle en vient à reproduire avec son coloc gay (Olivier Py) le comportement des autres avec elle, comme si la réponse positive au désir était un dû.

En dépit d’un côté haut en couleurs (les tenues chamarrées des nineties n’y sont pas pour rien), on trouve déjà chez Chloé un fond de la mélancolie de Mélanie et Rémy. Pourtant, ce n’est pas là-dessus que le réalisateur mettait l’accent, mais plutôt sur la solidarité des habitant(e)s du quartier. Malgré la gentrification et le mélange des genres et des cultures, tout le monde se mobilise pour rendre service à ses voisins lorsque l’occasion se présente, en l’occurrence pour rechercher le chat égaré (dont on retrouve un avatar en Nugget, le petit chaton blanc dont est affublé François Civil dans Deux Moi).

Je ne sais pas si j’aurais autant apprécié ce film sans avoir vu Deux Moi, car pour moi il faut vraiment les voir comme un diptyque, les deux facettes d’un Paris aimé du réalisateur, avec ses défauts et ses qualités, un Paris où l’on peut se sentir seul(e) parmi la foule et mélancolique, mais où subsistent pourtant des réseaux de solidarité et d’amitié, des relations qui peuvent se nouer entre des gens si différents et préoccupés de leurs problèmes qu’on n’aurait pas imaginé qu’ils puissent se rencontrer.

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