Samia est mutée de l’Ardèche en tant que CPE d’un collège REP de banlieue parisienne. Enthousiaste et volontaire, elle cherche à prouver à chaque élève qu’il peut trouver sa voie au sein du système scolaire, en particulier au perturbateur Yanis…
Ayant beaucoup aimé Patients, qui était passé pas loin de mon top 10 en 2017, j’avais hâte de découvrir le nouveau film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Et ce d’autant plus lorsque j’ai compris que ce projet avait pour cadre l’univers scolaire, un milieu qui m’intéresse tout particulièrement. Je me suis évidemment doutée que les deux comparses allaient opter pour un établissement de banlieue, ce film s’appuyant en partie, comme le précédent, sur leurs souvenirs et expériences vécues.
En soi, le cadre du film n’est pas extrêmement novateur : des longs-métrages sur les banlieues et leurs établissements scolaires, on en a déjà vu quelques-uns, d’Entre les murs aux Grands Esprits. C’est aussi un sujet que l’on retrouve en littérature (je pense notamment au Hussard noir). Le genre documentaire a aussi exploité ce filon avec notamment les concours d’éloquence (Les débatteurs). Que restait-il donc à dire de ces établissements aux populations souvent fâchées avec l’institution et stigmatisées par ceux qui n’y mettent jamais les pieds ?
La force du film, c’est son point de vue, à ma connaissance inédit (si jamais vous avez d’autres références, je suis intéressée) : celui d’une CPE. Cette profession, popularisée récemment par des comptes comme « Mme la CPE » sur Twitter, permet de présenter un point de vue central dans l’établissement, à la fois au contact de l’équipe éducative mais aussi des élèves et en particulier des plus difficiles. Samia (Zita Hanrot, que j’avais repérée dans L’Ordre des médecins et dont j’ai bien envie de rattraper toute la filmo) a la particularité d’avoir choisi d’enseigner dans un établissement difficile. C’est vraiment un beau personnage dont l’enthousiasme et l’engagement confinent parfois à la naïveté et qui ne sait pas trop poser de limites entre vie professionnelle et vie privée (tous les ingrédients qu’il fallait pour que je m’attache à elle).
Face à elle, Yanis (la révélation Liam Pierron, repéré dans un casting à Saint-Denis) incarne tout l’échec du système scolaire dans les quartiers défavorisés : on a là un jeune intelligent, futé, curieux, avec un intérêt pour un cinéma diversifié, mais plombé par son histoire familiale et par l’impression que tout espoir de réussite est hors de sa portée et l’ennui du quotidien au collège. Difficile d’en dire plus sur l’aspect engagé du film et ce qu’il dit du système scolaire sans dévoiler l’évolution de ce personnage et la fin du film, mais je peux vous assurer que son destin ne laisse pas indifférent, d’une façon ou d’une autre.
Une fois encore, le duo de réalisateurs s’entoure d’un casting au top qui réussit à la fois à nous faire rire avec un sujet a priori pas si drôle (on compte ici surtout sur l’équipe des surveillants dont Alban Ivanov et sur quelques élèves particulièrement amusants dont certaines répliques sont venues en improvisation d’après les explications de Grand Corps Malade à l’avant-première) et à nous émouvoir. J’ai particulièrement apprécié le prof de maths impliqué (Soufiane Guerrab) et le gentil Moussa qui peine à se faire respecter (Moussa Mansaly).
Et je veux absolument dire un mot du personnage incarné par Antoine Reinartz (repéré dans 120 Battements par minute). L’acteur se tire admirablement de ce qui est à mes yeux le rôle le plus délicat du film : celui d’un prof à bout, qu’il serait facile de faire passer pour le méchant de l’histoire si on ne prend pas la peine d’envisager l’épuisement moral que peut engendrer le harcèlement quotidien par des élèves, qui exploitent les failles des adultes sans forcément se rendre compte du mal profond qu’ils peuvent faire à des représentants de l’institution dont, trop souvent, la société entière oublie l’humanité et les singularités derrière la fonction.
Oh ! Heureuse de lire ton avis positif sur ce film.
Ayant vu la bande annonce, je souhaitais aller le voir, mais avec une crainte : celle des clichés…
Alors, merci !
Je le visionnerai !
Honnêtement je trouve qu’il n’est pas trop extrême dans les clichés, les persos les plus caricaturaux c’est les surveillants parce qu’ils sont là pour faire rire.
J’avais beaucoup aimé Patients, je pense que verrai celui-ci =)
Si tu as aimé Patients je pense que tu ne détesteras pas celui-ci !
Je compte aller le voir! Il a l’air vraiment bien!
Oui il mérite d’être vu !