« Suzanne » : « par amour on devient fou »

affiche-film-suzanneSuzanne et Maria sont élevées par leur père après le décès de leur mère. À la fin de l’adolescence, Suzanne donne naissance à un petit garçon. Quelques années plus tard, elle rencontre Julien…

J’avais ce film dans ma liste à voir depuis longtemps, même si j’ai mis du temps à apprécier Sara Forestier, restant bêtement sur un mauvais souvenir de L’Esquive. Depuis il y a eu Primaire et Le nom des gens qui m’avaient fait changer d’avis. Mais mitigée par l’adaptation de Réparer les vivants, j’ai tardé à rattraper le film précédent de Katell Quillévéré.

J’ai fini par le piocher dans ma liste, sans trop savoir à quoi m’attendre, avec cette affiche pleine de liberté et d’énergie. Je n’avais pas vraiment prêté attention à la classification « drame » du film.

En dépit d’une situation familiale particulière (les deux petites filles sont orphelines de mère), le long-métrage commence dans la joie et l’amour familial. Mais on comprend assez vite, au fil des ellipses qui font grandir les deux sœurs, que leurs caractères diffèrent. Maria (Adèle Haenel) est enjouée, facilement grisée par la vitesse et l’effet de groupe, mais finalement plus raisonnable que la pensive Suzanne, têtue et capable d’emballements brutaux et de choix irréfléchis.

À la chronique coming of age dans un milieu modeste (le père est routier, l’aînée travaille comme téléopératrice et la cadette comme couturière) succède une tonalité différente à partir de la rencontre de Suzanne et Julien (Paul Hamy, avec lequel j’ai toujours aussi peu d’atomes crochus). Folle amoureuse de ce jeune trafiquant, Suzanne plaque tout pour le suivre et devient une femme de voyou. Si la réalisatrice dit s’être inspirée d’autobiographies de compagnes de braqueurs, le film ne devient pourtant jamais un polar ni un thriller. Tout ce qui ressemble à un événement qui pourrait générer une tension ou un suspens est soigneusement évacué de l’écran. Ce qui nous est livré, entre deux ellipses, c’est l’attente, le doute, l’espoir, le chagrin, et toute la vie bouleversée de ceux qui restent, gérant du mieux qu’ils peuvent l’absence de Suzanne au quotidien.

Même si j’ai été impressionnée par la prestation de Sara Forestier, que je trouve très juste en particulier dans l’intensité des silences, m’ont surtout touchée ces scènes en creux où son absence imprègne tout. Les seconds rôles sont bouleversants, en particulier François Damiens, que j’ignorais capable d’une telle émotion retenue. Il compose sur vingt-cinq ans un père incapable, malgré toute sa bonne volonté, de protéger ses filles du monde et d’elles-mêmes. Et ce constat est déchirant.

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