Sarah arrive dans un nouveau lycée. Aussitôt Charlie est fascinée et délaisse son amie d’enfance au profit de la nouvelle venue, plus délurée et confiante en elle…
Ayant découvert Joséphine Japy en rattrapant en début d’année Irréprochable, puis l’ayant depuis admirée dans le très chouette Mon Inconnue, j’avais fait remonter Respire des tréfonds de ma liste à voir.
J’étais également curieuse de découvrir Mélanie Laurent derrière la caméra, n’ayant encore vu aucun de ses films en tant que réalisatrice, à l’exception du documentaire Demain co-signé avec Cyril Dion.
On rentre facilement dans l’histoire, suivant l’attachante Charlène dite Charlie (Joséphine Japy), jeune fille rieuse, bien entourée par un groupe d’amis mixte, mais qui souffre des conflits incessants entre ses parents. Lorsqu’arrive Sarah (Lou de Laâge, vue aussi dans Le Cahier noir), on comprend rapidement qu’elle attise la curiosité puis la fascination de la sage Charlie. Sarah est un peu l’archétype des ados de fiction, façon LOL : elle fume, boit, danse, rit, parle comme si l’univers tournait autour d’elle, avec une assurance insolente. Elle attire les regards des ados mais aussi des adultes avec lesquels elle arrive à copiner comme s’ils étaient sur un pied d’égalité, par exemple avec la mère de Charlie (Isabelle Carré, formidable comme à l’ordinaire).
On comprend rapidement qu’on nous entraîne dans les méandres d’une amitié toxique, le lien entre Sarah et Charlie cochant toutes les cases des relations adolescentes dans ce qu’elles ont de fusionnel et de quasi-amoureux. À cet âge de construction de l’identité, le regard de la meilleure amie est ce qui valorise et rassure, et la bulle de complicité qui unit les amies les protège des dangers du monde extérieur. Mais quand cette amitié se fissure, tout tourne mal…
Sur le fond, si la fin du film m’a surprise par son côté choc, je l’ai trouvée un peu exagérée. À mon sens, l’amitié toxique qui nous est présentée est un cas extrêmement classique que tout un chacun aura plus ou moins vécu dans sa vie, même si pas forcément au même degré. Des gens qui se lassent, prennent et jettent, savent attirer l’attention et retourner les situations à leur avantage, c’est très fréquent, de même que le phénomène de harcèlement, ici relativement peu poussé par comparaison avec d’autres fictions. C’est comme si le scénario n’avait pas totalement conscience de la violence banale des relations humaines et présentait comme un extrême ce qui est relativement quotidien. Mais je n’ai pas lu le roman dont le film est tiré et j’ignore si ce point de vue lui est imputable.
Ce qui m’a finalement le plus impressionnée dans le film, plus que l’histoire qu’il raconte, c’est la réalisation. Très bien mis en scène, avec une photographie sublime (les plans de Charlie seule au bord de la mer ou dans un champ de blé sont à tomber), et un très joli sens du cadrage (notamment dans la scène où Charlie joue des percussions et où Sarah danse), le film est vraiment agréable à regarder et esthétiquement très réussi. Avec Respire, Mélanie Laurent prouve qu’elle est une vraie cinéaste, et ses jeunes actrices qu’elles ont plus d’une corde à leur arc.