« Une sirène à Paris » : le poisson-fille et le Surprisier

couverture-livre-une-sirene-a-parisGaspard Snow est triste depuis que sa grand-mère est morte et que Carolina l’a quitté. Il ne vit que pour le Flowerburger, son bateau-cabaret, héritage familial, jusqu’à sa rencontre avec une créature à la voix enjôleuse… 

J’ai lu une bonne partie des œuvres de Mathias Malzieu, et j’aime généralement assez son univers poétique, même s’il est souvent un peu trop étrange pour que je m’y sente totalement chez moi. C’est pour cette raison que j’avais particulièrement apprécié le Journal d’un vampire en pyjama, car ce texte autobiographique me parlait davantage. J’avais aussi beaucoup aimé l’hommage ému et humble que l’artiste rendait aux soignants et au personnel hospitalier en général.

J’étais donc intriguée par Uns sirène à Paris car je me demandais comment l’auteur allait négocier son retour dans l’univers fictionnel. Et j’ai été séduite par ce nouveau livre qui réussit à mêler habilement des éléments magiques et fantaisistes à un cadre qui ne pouvait que me convenir : la beauté de Paris. Forcément quand on sublime ma ville chérie, on sait déjà bien s’y prendre pour me faire apprécier tout ce qu’on y placera. Et pourtant je ne suis pas spécialement adepte des créatures légendaires comme les sirènes. Mais évidemment celle de Mathias Malzieu, si elle a bien une voix envoûtante et une queue de poisson, est dotée de quelques particularités supplémentaires sorties de l’imaginaire débordant de l’artiste. Lula peut parler, elle respire par des branchies, pleure des joyaux, et ne manque pas de répondant.

Mais j’avoue avoir surtout apprécié le personnage de Gaspard Snow. « Trop était sa juste mesure » dit de lui Mathias Malzieu, et effectivement son héros ne fait pas les choses à moitié : son appartelier est rempli de souvenirs, au point qu’on puisse à peine y circuler, il se donne sans retenue sur scène, a conservé une capacité d’émerveillement digne d’un jeune enfant mais l’aptitude à souffrir d’amour d’un homme qui sait qu’une fin ne sera pas forcément suivie d’un nouveau commencement. J’ai adoré son lieu de vie délirant, son chat Johnny Cash, et son bateau-cabaret où l’on sert des burgers aux fleurs. Tout cela donne envie de s’y promener, ou tout au moins de le voir transposé au cinéma, car il y aurait vraiment matière à un film délicieux qui en mettrait plein les yeux.

À l’histoire de Gaspard et Lula se combine celle, moins ébouriffante et plus tragique, de Victor et Milena. Le couple apporte un contrepoint bienvenu : Victor a le côté déjanté et artiste de Gaspard, Milena la circonspection face à l’amour et la férocité colérique de Lula, mais leur destin sera tout autre que celui des héros du livre.

Comme toujours chez Malzieu, on passe du sourire au serrement de cœur, du badinage à l’angoisse existentielle, de l’amour fou à la mort qui rôde. Ce mélange de sentiments jamais dans la demi-mesure est probablement ce qui permet à chacun(e) de trouver des éléments qui le/la touche de près dans ses livres, nous rendant familier(e)s de ses personnages même les plus surréalistes.

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