Baptiste, enseignant remplaçant, se rend compte que personne n’est venu chercher son élève Mathias un vendredi soir. Il le ramène à son père, qui avait oublié qu’il devait s’occuper de lui…
Movie challenge 2019 : un film avec un prof
Il y a parfois d’étranges concours de circonstances. Alors que Mon Inconnue m’avait donné envie de dévorer tous les films avec le si drôle Benjamin Lavernhe, on m’a parlé d’Un beau dimanche, dans lequel il a un petit rôle. J’ai aussitôt pensé qu’avec ce film je pouvais faire d’une pierre deux coups et cocher la catégorie « film avec un prof » du Movie challenge.
Nicole Garcia nous entraîne à la suite de Baptiste, incarné par son fils Pierre Rochefort auquel elle offre ici ce qui reste probablement son plus beau rôle. J’ai trouvé cet enseignant vraiment touchant dans son rapport à son jeune élève : il s’en occupe alors que ce n’est pas à lui de le faire, cherche à lui faire plaisir, entretient avec lui une proximité affectueuse bien au-delà de ce qu’on attendrait d’un enseignant.
Comme souvent, le jeune acteur qui incarne Mathias n’est pas très expansif et son personnage assez transparent. Car la vraie rencontre du film, celle qui importe au spectateur, ce n’est guère celle de l’instit et de l’enfant mais bien celle entre un homme qui se raccroche à son métier et une femme qui cherche à fuir sa condition. La mère de Mathias, incarnée par Louise Bourgoin – assez proche ici de son personnage dans Tirez la langue, mademoiselle – est l’incarnation de la mère célibataire un peu perdue qui cherche une échappatoire vers une vie meilleure pour elle et son fils. Sauf que le rêve a tourné au cauchemar, la laissant endettée auprès de types peu recommandables.
En un week-end, la rencontre de Baptiste et Sandra leur permet d’épancher leur soif de dialogue avec une âme aussi torturée que la leur, mais aussi de régler des comptes avec leur passé. Ce « beau dimanche », c’est une journée charnière qui pourrait permettre à chacun d’aller de l’avant, à condition de faire les bons choix. Sans trop en dévoiler, il est question de solder ses rancunes et ses erreurs, de renouer des liens depuis longtemps distendus et d’affirmer ses valeurs. Le film prend une tournure plus sociale en confrontant les deux jeunes gens modestes à un milieu où l’argent coule à flot et où l’honneur de la famille écrase même l’amour entre les proches.
Si j’ai trouvé l’intrigue assez peu palpitante, j’ai apprécié le portrait des personnages, et surtout celui de ce professeur des écoles qui a trouvé sa place auprès des enfants avec modestie mais conviction. « Apprendre des choses à des êtres qui ne savent encore rien, en quoi c’est méprisable ? » questionne-t-il, et rien que pour cette interrogation, qu’il faudrait adresser au monde à l’ère où la profession d’enseignant est si peu valorisée et respectée, le film valait la peine.