« La vie domestique » : la charge mentale avant l’heure

affiche-film-la-vie-domestiqueEn allant conduire ses enfants à l’école, Juliette recroise une ancienne connaissance de lycée qu’elle invite à dîner. Le même jour, elle doit recevoir une réponse pour l’emploi auquel elle a postulé…

Je n’avais absolument jamais entendu parler du film d’Isabelle Czajka, dont j’avais pourtant bien aimé D’amour et d’eau fraîche (ne serait-ce que parce que ce film m’a fait découvrir Anaïs Demoustier, mon actrice française préférée).

C’est sur le site d’arte, dont je ne vanterai jamais assez les mérites, que j’ai déniché La vie domestique (alors que j’étais partie pour voir un des contes d’Éric Rohmer). Intriguée par le titre puis le résumé, je l’ai lancé sans trop savoir à quoi m’attendre. Je dois dire de plus que le casting me laissait assez circonspecte, n’étant a priori pas spécialement fan ni d’Emmanuelle Devos ni d’Héléna Noguerra et encore moins de Julie Ferrier.

Et pourtant le film a réussi à rapidement m’accrocher par son côté ultra réaliste : il suit la vie de ces anti-héroïnes, passant de l’une à l’autre au sein de la petite communauté que représentent les femmes au foyer qui viennent conduire et chercher leurs enfants à la même école d’une banlieue pavillonnaire.

Ce qui m’a étonnée, c’est à quel point le film était en avance par rapport à des problématiques dont on a commencé à beaucoup parler récemment telles que la charge mentale. Le mari de Juliette (incarné par Laurent Poitrenaux, qui a une prédilection semble-t-il pour les rôles désagréables, je pense à Victoria et Doubles vies) se comporte de manière insupportable : lorsqu’une connaissance tacle sa femme avec un sexisme éhonté dans un dîner, il ne la défend pas, pire, il lui reproche ensuite d’avoir été odieuse. Globalement les personnages du film ne sont pas présentés sous leur meilleur jour, en particulier les hommes : toujours pris par leur travail, ils considèrent leurs épouses avant tout comme les mères dévouées de leurs enfants et ne se soucient guère de leur bien-être ou de leur bonheur, arguant de leurs jobs si importants pour ne rien faire d’autre que mettre les pieds sous la table à la maison.

Pendant ce temps, Juliette est confrontée à une journée infernale, courant entre les obligations familiales et cet emploi dans une maison d’édition, dont elle rêve mais qui semble voué à lui échapper. Bien vu, malin, réaliste et cruel, le film met en perspective de façon certes un peu appuyée mais pas si bête la vie de ces femmes dévouées corps et âme à des familles bien ingrates et le geste atroce d’une jeune fille dont l’enfant est portée disparue. En filigrane se lit la question obsédante, encore politiquement incorrecte il y a quelques années : et s’il avait mieux valu ne pas devenir épouse et mère afin de s’accomplir ?

Un film clairement en avance sur des réflexions devenues incontournables, qui vaut davantage par son fond que par sa forme relativement classique.

4 commentaires sur “« La vie domestique » : la charge mentale avant l’heure

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  1. J’ai beaucoup aimé ce film. Un vrai film féministe et un vrai film de femme : l’existence vide de femmes au foyer qui ont décidé ou qui subissent le choix d e leur mari qui ont une vie si passionnante et un agenda si rempli qu’ils ne peuvent pas s’occuper d’autres choses comme leurs enfants. On peut aussi renver ser le scénario : portraits de trois hommes egocentrés, peu intéressant et au demeurant peu sympathiques qui ont épousé trois femmes.

    1. Oui on pourrait renverser, sauf qu’on voit assez peu les hommes. Mais conceptuellement, ça aurait été intéressant de faire le film en pendant où on les suit dans leurs jobs etc.

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