En vacances sur une île italienne, Paul se prend d’intérêt pour Giovanni, l’ébéniste local chargé de réparer un secrétaire appartenant au grand-père de Paul…
J’ai beau avoir adoré le film Call Me By Your Name, je n’ai pas lu le roman dont il est inspiré. La crainte d’y trouver des éléments différents d’une œuvre cinématographique à mes yeux parfaite m’aura retenue. Pourtant, j’étais curieuse de découvrir la plume d’André Aciman, et j’ai donc été ravie de la parution en France des Variations sentimentales.
La première partie du récit m’a fortement rappelé le film de Luca Guadagnino : on y retrouve un jeune héros (plus jeune ici puisque Paul n’a que 12 ans) en vacances sous le soleil de l’Italie, ses relations avec sa famille, son caractère rêveur et solitaire, et sa découverte de la sensualité lorsqu’il s’éprend d’un homme plus âgé. Même certaines expressions ou tournures de phrases m’ont fait penser au film, et j’ai été ravie de replonger dans un univers chaleureux et familier.
Pour autant, la suite de l’œuvre diffère puisqu’ici on ne se concentre pas sur une seule histoire d’amour. Chaque partie nous dévoile un nouveau pan de la vie amoureuse de Paul, à chaque âge de la vie. Pourtant, on aurait tort de croire qu’il s’agit d’une progression complètement chronologique. Le terme musical de « variations » dans le titre est fort bien choisi car on ne passe pas d’une figure aimée à une autre de façon linéaire mais celles-ci s’entrecroisent dans la vie de Paul. Certaines sont un fantasme pendant qu’il vit aux côtés de quelqu’un d’autre, d’autres reviennent le hanter de loin en loin. Il y a quelque chose de l’enquête pour le/la lecteur/trice qui suit ces amours en essayant de dénouer leurs imbrications, jusqu’aux tout derniers mots du récit.
Dans la forme, le ton est parfois léger, proche du badinage dans le récit de ces amours multiples et variées. Mais dans le fond, le lyrisme ne trompe pas : à chaque amour, Paul s’investit, y croit, rêve de vivre pleinement, de trouver sa place auprès de quelqu’un et un sens à sa vie. Ce qu’il attend et espère, c’est une chance de bonheur qui pourrait s’incarner sous les traits les plus inattendus, ceux d’un partenaire de tennis ou d’une ancienne camarade de fac. Mais il doute toujours que ses sentiments soient réciproques, et c’est aussi ce qui fait le côté attachant du personnage.
Extrêmement bien écrit, profond et délicieusement sensuel, le texte d’André Aciman témoigne d’une grande finesse de compréhension des rapports amoureux, d’autant plus agréable à lire que le récit est émaillé de conversations intellectuelles. On retrouve ce mélange d’érotisme et de discussions d’esprits éclairés et curieux qu’on a pu apprécier dans Call Me By Your Name. Personnellement c’est plus qu’il ne m’en faut pour dévorer une lecture et avoir envie de la relire dès la dernière page tournée.
Plus encore, ce que j’ai beaucoup aimé dans ce récit, c’est la simplicité avec laquelle est évoquée la bisexualité. Si c’est un homme qui le premier fait chavirer le jeune Paul, il s’éprendra par la suite aussi bien d’hommes que de femmes, et les chérira avec autant de ferveur. Écrire la multiplicité et la fluidité du désir comme une évidence plus qu’un questionnement, voilà quelque chose de très rassurant.
Belle chronique, contente que ce roman t’ait plu 😀
Merci ! Oui beaucoup, sans surprise ! ^^
J’avais adoré le film Call me by your name mais le livre m’avait un peu déçue et j’hésitais beaucoup à acheter Variations sentimentales mais je lis tellement de critiques positives que je risque fort de me laisser tenter…
Comme je n’ai pas lu CMBYN je ne saurais te dire si le nouveau te plaira !
J’ai vu… Je vais peut être attendre qu’il soit en poche pour plus de sûreté 😉
J’ai adoré Call me by your name autant le livre que le film, je dirais même plus le livre car c’est le format que j’ai découvert en premier. Je tenterai celui-ci !
Souvent on préfère en effet ce qu’on découvre en premier. ^^
Je ne savais pas que l’auteur de Call me by your name avait écrit un autre roman, je le note avec plaisir pour une prochaine découverte. Merci !
Avec plaisir ! 🙂