Elena retourne en Grèce avec deux amis, pour vendre la maison de sa mère, décédée un an plus tôt. Les jeunes gens rencontrent un Anglais venu observer les oiseaux et un Syrien sans papiers…
Je suis allée voir ce film sans trop savoir à quoi m’attendre, juste parce que le résumé de l’agence de presse me donnait envie. Il s’agit d’un premier long-métrage, et la majeure partie du casting m’était inconnue (à l’exception de Rabah Naït Oufella, qui m’avait fait bonne impression dans Grave).
Et décidément, je me réjouis des premiers films internationaux que je découvre en ce début d’année (et j’en profite pour remercier Ciné Sud Promotion, à l’origine d’une grande part de ces belles découvertes). Ici, le réalisateur franco-grec Basile Doganis nous emmène sur l’île de Lesbos dans un film tout sauf touristique. Certes, Nassim et Sekou sont là en vacances et commentent les paysages et la maison comme des estivants, mais les deux garçons sont avant tout un prétexte qui permet de confronter les points de vue et les regards, et d’opposer les leurs, souvent naïfs, à celui, plus profond et engagé, d’Elena.
Au tout début du film, après l’une des plus belles scènes d’ouverture de ces dernières années, j’ai eu un peu peur du langage très marqué « banlieue » des jeunes gens, j’ai craint que le film ne s’enferme dans des stéréotypes trop appuyés. Et puis à mesure que l’histoire se déroule, les portraits s’allègent pour donner naissance à de vrais beaux personnages, qui s’enrichissent des rencontres et conversations.
« Meltem », c’est un très beau titre et c’est le nom d’un vent grec, qui semble pousser tous les protagonistes les uns vers les autres : à la curiosité envers les personnes croisées à Lesbos, à la réconciliation, à la solidarité, à l’amitié et même à l’amour.
Difficile de résumer le sujet de ce film qui mêle histoire de deuil, sujet social fort autour des migrants (on pense forcément à Welcome), récit d’apprentissage. Très solaire et incarné par des comédien(ne)s lumineux/ses, Daphné Patakia en tête, le film réussit à ne jamais s’enfoncer dans le chagrin que pourrait causer ses thèmes durs. Il réussit à rebondir avec grâce de scènes poignantes en moments plus légers (souvent initiés par Lamine Cissokho et Rabah Naït Oufella, dont les personnages forment un binôme aux conversations décalées et amusantes).
La leçon du film, c’est probablement que le meilleur moyen de dépasser ses douleurs individuelles est de les confronter au monde et à la trajectoire d’autrui, qui fait écho de manière inattendue à ce que nous avons de plus intime, pour peu qu’on accepte de s’ouvrir à l’autre. Le discret Elyas (Karam Al Kafri), le patient Manos (Akis Sakellariou) et le bienveillant Edward (Féodor Atkine) sont ainsi les guides involontaires des trois jeunes gens vers une meilleure version d’eux-mêmes, moins égocentrée et plus adulte.