Un homme dont l’avion s’est écrasé en Arctique a organisé sa survie, entre relevés de lignes de pêche et émissions d’ondes radio. Jusqu’au jour où il capte un signal…
Movie challenge 2019 : un film que j’ai aimé contre toute attente
D’accord, « contre toute attente », c’est peut-être légèrement exagéré. Il n’empêche que quand j’ai annoncé à mon entourage que j’allais découvrir ce film, cela en a surpris plus d’un. En effet, jusqu’ici, je ne connaissais rien au genre du survival, et j’ai beau chercher dans mes souvenirs, il me semble que c’est le premier représentant de ce genre que je découvre.
Mads Mikkelsen tout seul dans la neige pendant 1 h 40, est-ce que j’étais bien sûre de moi ? Oui. D’abord parce que c’est Mads Mikkelsen. On parle tout de même de l’acteur qui a reçu le Prix d’interprétation pour son sublime rôle dans La Chasse, également capable d’incarner le digne et mutique Michael Kohlhaas, bouleversant dans Royal Affair, effrayant en Hannibal (et je ne parle même pas du couple qu’il forme avec Sidse Babett Knudsen dans After the wedding : la quintessence du cinéma danois réunie…).
Il est quasi certain que je n’aurais pas éprouvé la même curiosité pour ce pitch incarné par quelqu’un d’autre. D’autant plus que je ne connaissais pas du tout Joe Penna, le réalisateur brésilien. Mais malgré cette curiosité, je ne pensais pas autant apprécier ce film.
Tourné dans l’hiver islandais, en 19 jours par – 70°C et un vent à arracher les portières de voiture (l’acteur a raconté cette anecdote lors du Q&A à l’UGC La Défense), Arctic tient clairement pour toute l’équipe de tournage de la performance. On peut penser à The Revenant, à la couleur de l’ours près… mais même si les conditions sont évocatrices, le sujet du film est à mille lieux de celui d’Iñarritu.
Parce qu’ici, l’homme que nous suivons est d’abord un homme seul, d’où une quasi absence de répliques. Nous assistons à la routine qu’il s’est créée, cyclique et rythmée par le bip de sa montre, comme un rappel à la vie. Et étonnamment, je ne me suis pas ennuyée un instant face à ces gestes d’un quotidien recomposé avec les moyens du bord. J’ai vu le film deux fois à l’heure où j’écris cet article, et par deux fois, j’ai été prise d’une telle empathie pour Overgård que je n’ai pas décroché un seul instant. Il faut dire que la narration est efficace en dépit d’une économie de moyens, dosant juste ce qu’il faut de suspens, de jumpscares et de rebondissements dramatiques.
Et puis, au cœur du film, il y a la vie, et les raisons de continuer à la désirer lorsqu’on est isolé dans un environnement hostile, avec un espoir bien mince de s’en sortir. Évidemment, la raison de vivre, c’est l’humain, l’autre, celui qui par son souvenir ou sa présence nous renvoie à notre propre humanité, nous rappelle ce que nous sommes, cet animal social prêt à dépasser des montagnes pour revoir ses congénères, ou pour sauver la peau d’autrui en plus de la sienne.
À mesure que le film avance, l’angoisse et l’émotion nous étreignent, car jusqu’au bout, l’incertitude demeure sur le destin de cet homme qui dépasse ses limites dans une situation où beaucoup d’entre nous peuvent imaginer qu’ils se seraient laissés périr. Tous ces efforts pour… vivre, ou pour mourir ? Je ne vous dirai pas, allez voir le film. 😉