Starr vit dans un quartier noir défavorisé où règne le trafic de drogue, mais elle étudie dans un établissement huppé à majorité blanche, car sa mère veut un meilleur futur pour ses enfants. Après une soirée, son ami d’enfance la raccompagne chez elle. Ils sont contrôlés par la police…
Ne lisant pas de littérature young adult, j’étais passée à côté du phénomène The Hate U Give, le roman d’Angie Thomas. Enfin, pas totalement à côté, car j’avais bien vu que mes copines blogueuses en disaient du bien. Il a fallu qu’une amie m’en parle avec enthousiasme pour que je décide de l’accompagner voir ce film. Après tout, la dernière fois que j’avais donné sa chance à un film ciblé « ados », c’était l’excellent Love, Simon, qui a fait partie de mon top 10 2018.
La scène d’ouverture pose bien le contexte et est redoutablement efficace : on y voit le père de Starr distribuer à ses deux aînés une feuille citant les commandements du mouvement Black Panther, et leur expliquer comment se comporter pour éviter un drame le jour où ils seront – fatalement – contrôlés par la police. Les enfants le regardent, air grave, mains à plat sur la table. Et nous, dans la salle, même sans avoir lu le livre, comprenons bien que cette scène annonce un drame.
Ce n’est pas spoiler que d’expliquer que tout l’enjeu du film s’articule autour du décès d’un jeune homme noir, abattu par un policier blanc lors d’un contrôle routier qui tourne mal. Dans la voiture, Starr, 16 ans, dont toute la vie va se trouver bouleversée… pour la seconde fois, car les drames sont légion dans le quartier. Amandla Stenberg, déjà bien connue pour des rôles dans Hunger Games ou Darkest Minds, est un choix idéal pour ce premier rôle : elle incarne à la fois une forme de fraîcheur enfantine, qui colle bien aux scènes avec sa fratrie ou à ses atermoiements sentimentaux au début du film, mais également une grande détermination et un charisme qui font merveille pour cette jeune fille dont le père ne cesse de souligner le côté lumineux. Grâce à cette héroïne, on est d’emblée captivé, et on a envie de la suivre dans son combat.
Et c’est tant mieux, car comme Love, Simon l’an dernier qui explosait les carcans du traitement de l’homosexualité au cinéma, The Hate U Give se veut le grand film d’ado (mais pas seulement) autour de la question raciale américaine. Malgré la jeunesse de sa cible, le scénario n’a pas peur de se salir les mains, et la diversité des personnages permet une variété de points de vue, assez loin du manichéisme auquel on aurait pu s’attendre. Évidemment, on prendra fait et cause pour Starr quoi qu’il arrive, mais des personnages comme son petit ami, un jeune homme blanc mais sincèrement désireux de la soutenir dans son combat, son père, un ancien dealer repenti qui cherche à faire de ses enfants des héros du quotidien aux choix éclairés, son oncle, à la fois noir et flic, qui se retrouve dans une position délicate, suscitent la réflexion et permettront même aux plus jeunes de comprendre que si le problème des violences de tout bord perdure, c’est que la situation est complexe dans des quartiers comme Garden Heigts.
Inspirée par le slogan inventé par 2Pac (THUG LIFE = « The Hate U Give Little Infants F**** Everybody »), l’histoire est à la fois sombre et pleine d’espoir, et sa résolution nuancée.
Alors que les films américains autour du racisme fleurissent ces dernières années (en témoigne la sélection des nommés aux Oscars), celui-ci me semble tirer son épingle du jeu plus habilement que beaucoup d’autres (en particulier le favori Green Book).
J’ai beaucoup aimé le livre ! Ce n’est pas le genre de film que j’aime voir au cinéma, donc je pense que je le regarderais mais en streaming, comme pour Les Invisibles !
Oui ils valent la peine d’être vus, même en VOD !