Mélanie, 15 ans, découvre qu’elle est enceinte. Pour son petit ami, Maxime, passé le choc, la décision est évidente : il souhaite garder l’enfant. Il compte sur ses chances de percer dans le foot pour assurer la vie de famille…
J’avais déjà entendu parler de ce film, mais, un peu comme avec Irréprochable, c’est le deuxième long-métrage de Guillaume Senez, Nos batailles, qui m’a convaincue de voir son premier. On notera d’ailleurs l’à propos sans faille d’arte qui a réussi à programmer ces deux films à quelques jours d’intervalle.
Dès la première scène, j’ai ressenti un mélange d’émotions qui ne m’a pas quitté durant toute la durée du film. On découvre in medias res, comme on dit en littérature, la relation passionnée de ces tout jeunes gens, Mélanie et Maxime, au moment où elle lui avoue que pratiquer une fellation, ça la dégoûte. Soit, il n’empêche qu’on apprendra quelques minutes plus tard qu’elle avait accepté de pratiquer le même acte sur un ami de son petit ami, à la demande de celui-ci. Vous la voyez, la relation d’emprise ?
Excellemment interprétés par Kacey Mottet Klein (Continuer) et Galatéa Bellugi (Réparer les vivants), les deux ados s’embarquent dans un parcours extrêmement complexe pour leur jeune âge, et clairement pas en connaissance de cause. Maxime se voit déjà gardien de but star, encouragé par son père qui l’entraîne. S’il se sent tout à coup décidé à devenir père, c’est parce que son meilleur ami lui a affirmé que c’était une bonne nouvelle et qu’il aurait largement les moyens d’assurer la subsistance de l’enfant, avec son succès futur. De son côté, Mélanie semble totalement aveuglée par son admiration pour son amoureux et confortée par la rébellion envers sa mère (très convaincante Laetitia Dosch dans un rôle complexe, celui d’une femme qui veut à tout prix éviter à sa fille le chemin qu’elle a dû parcourir au même âge).
Certes, il y a de beaux moments, des élans de joie, de vie, de jeunesse, portés par une jolie bande-son. Il y a l’affection de la mère de Maxime envers Mélanie, les rêves d’avenir, l’insouciance qui pointe son nez aux instants qu’il faudrait sérieux. Il y a l’interrogation sur la naissance de l’instinct paternel chez un tout jeune homme qui veut assumer à tout prix… même s’il n’a pas les épaules pour renoncer si tôt à ses rêves. Tout cela filmé avec beaucoup de justesse et de vérité.
Mais ce que je retiens surtout de ce film, c’est qu’il m’a serré le cœur pendant une heure trente. Parce que je ne vois pas comment on pourrait avoir une autre impression que celle d’un immense gâchis, de jeunes vies qui vont dans le mur pour une décision irresponsable. Keeper, c’est un genre de Juno sans le côté pop coloré et positif qui animait le film de Jason Reitman, c’est l’apprentissage accéléré de la maturité et l’innocence sacrifiée. Poignant et triste comme le cinéma belge sait si bien le faire.
J’avais beaucoup aimé Juno mais un autre film sur ce thème traité de manière différente et certainement plus fidèle à la réalité me tenterai… Je note merci !
Il n’est plus sur arte mais si tu le trouves, go ! 🙂