Alain refuse le nouveau manuscrit de Léonard, un ami qu’il édite de longue date. Il vient d’embaucher Laure pour développer le secteur numérique et compte se moderniser. Mais sa femme, Séléna, a beaucoup aimé le texte de Léonard…
J’étais très impatiente de découvrir le nouveau film d’Olivier Assayas, dont j’avais apprécié les deux précédents, surtout Personal Shopper. D’autant plus impatiente que je savais depuis plusieurs mois qu’il s’attacherait au monde de l’édition, que je connais bien puisque je fais partie de cet univers professionnel. En revanche, le casting m’avait laissée plus perplexe, associant des grands noms du cinéma français (Canet, Binoche), des comédiens en vogue (Théret, Macaigne) et l’humoriste Nora Hamzawi. Je ne voyais pas bien la cohérence d’ensemble, sur le papier (et je craignais que tout cela ne manque de la présence gracile et inspirante de Kristen Stewart).
En réalité le casting est globalement assez convaincant, chacun étant cantonné à ce qu’il sait faire de mieux, en particulier Christa Théret en séductrice un peu mystérieuse et Vincent Macaigne en loser. Sur le papier, le personnage qui aurait dû le plus m’intéresser et m’attacher à son parcours est probablement Valérie, l’attachée parlementaire un peu naïve, entière, engagée et qui n’a pas la langue dans sa poche quitte à manquer du tact le plus élémentaire envers son compagnon. Pourtant, je n’ai pas été totalement convaincue par l’incarnation qu’en fait Nora Hamzawi, malheureusement.
Dans l’ensemble, j’ai pourtant été vraiment intéressée par ce film bavard mais bien écrit. Les scènes de dialogues de groupes autour de l’édition, l’avenir du livre, la contradiction entre économie et conviction artistique, l’engagement politique, m’ont parue bien ciselées et à propos. Olivier Assayas a saisi un moment clé du milieu éditorial : l’année où tous les professionnels se sont déchirés entre partisans du tout numérique pensant que l’ebook allait éclipser le livre papier et sceptiques qui prônaient le statu quo en attendant que la mode passe (je simplifie un peu pour rester compréhensible). Alain, entre deux chaises, est un personnage d’éditeur plutôt bien campé, tiraillé entre ses valeurs, son amour de la littérature, et l’envie de vendre des livres, connaître le succès… et éviter de perdre sa place.
Je me demande tout de même si ce sujet, qui concerne un petit milieu très parisien, parlera vraiment au grand public. D’autant que, par ailleurs, le côté vaudevillesque des relations sentimentalo-sexuelles entre les personnages est complètement prévisible.
Reste l’interrogation sur les droits de l’écrivain : peut-il s’inspirer de sa vie et impliquer son entourage dans ses œuvres de manière à laisser tous les lecteurs reconnaître les personnalités qui se cachent entre les lignes ? Cet arc narratif, incarné par Vincent Macaigne et Laurent Poitrenaux, m’a furieusement rappelé celui de l’ex-mari de Victoria (d’autant que c’était déjà Laurent Poitrenaux qui campait le blogueur sans scrupules).
Un film à voir pour tous/tes les éditeurs/trices, certes, mais pour les autres… eh bien, ne pouvant me mettre à votre place, je serais curieuse de vos retours !
Le monde de l’édition est un sujet qui me plaît alors pourquoi pas…
Tu me diras ce que tu en auras pensé si ça te dit !