« Hot summer nights » : « l’insouciance du désespoir »

affiche-film-hot-summer-nightsSuite à la mort de son père, Daniel est envoyé chez sa tante à Cape Cod. Il se lie avec le dealer du coin, Hunter Strawberry, et rêve de séduire McKayla, la sœur de son nouvel ami…

Movie challenge 2018 : un film avec une saison dans le titre

Lorsque j’ai eu la chance de voir ce film, il n’avait pas de date de sortie française (et à ce que je sache ce n’est toujours pas le cas). Pourtant, il faisait partie des longs-métrages que j’attendais avec une grande impatience, boostée par une bande-annonce alléchante et délicieusement vintage. Et puisque j’ai décidé d’explorer de fond en comble les filmographies de Timothée Chalamet et Armie Hammer (aka Elio et Oliver pour celles et ceux qui suivent), il était de toute façon évident que je le verrais.

Tombée dessus en ligne suite à une prémonition subite (je ne blague pas !), mon dilemme « en ligne ou en salles – potentiellement un jour » n’aura pas duré longtemps. Est-ce que j’ai regretté mon empressement ? Oui et non.

Non, parce que côté intrigue, on ne peut pas dire qu’Elijah Bynum ait inventé l’eau chaude. Pourtant, le scénario a fait partie de la « Black list », au point que le scénariste a fini par passer derrière la caméra pour l’adapter lui-même.

Racontée par la voix off d’un enfant du voisinage, on sent dès les premières secondes que l’histoire va mal finir, à la façon d’un Virgin Suicides auquel le film emprunte son mode de narration. Ici encore, il est question de jolies filles qui enflamment l’imaginaire de tous les ados mâles du quartier. McKayla (Maika Monroe) déchaîne les passions, et semble au bout du compte s’en accommoder plus qu’elle ne le cherche. Parmi la foule de ses soupirants, personne n’aurait misé sur le maladroit Daniel (Timothée Chalamet), qui ne parvient à s’intégrer ni aux résidents permanents ni aux vacanciers aisés surnommés summer birds en raison de leur présence migratoire.

Mais Daniel a un atout : il n’a peur de rien car plus rien à perdre, maintenant que son père est mort et que sa mère l’a envoyé croupir chez sa tante tout l’été. Le jeune homme se lie donc avec le dealer du coin au nom de fraise (c’est tout de suite moins menaçant) et le pousse peu à peu à accroître ses ambitions. Frère de McKayla, Hunter (Alex Roe) est un personnage ambigu. Plus dangereux qu’il ne paraissait à Dan de prime abord, il n’en est pas moins également plus sensible (comme le montre sa romance avec Amy) et raisonnable. Car c’est bien Daniel, qui semblait pourtant inoffensif, dont l’appétit d’argent et de succès va enrayer le quotidien de Cape Cod et de ses trafics. L’étranger n’est pas un summer bird, c’est un bird of ill omen (un oiseau de mauvais augure).

Ce qui m’a fait regretter de ne pas avoir attendu une hypothétique sortie en salles, c’est la réalisation extrêmement prometteuse d’Elijah Bynum. Le metteur en scène nous entraîne dans l’univers de la drogue à la manière d’un Inherent Vice (en particulier lors des rencontres avec les dealers) avec talent, mais réussit également à retranscrire à la perfection l’atmosphère lourde et électrique, saturée de néons et de musique (la bande-son est excellente), des nuits d’été des années 1990. Dans le style d’un Song to Song, où l’esthétique devient presque le propos, le film met en scène un système dangereux dont les coupables sont les victimes. Et si le scénario reste très linéaire, il peut au moins se prévaloir d’un doute sur l’identité de celui/celle/ceux qui vont payer le prix fort quasiment jusqu’à la fin.

Alors certes, l’histoire tient sur un timbre-poste et n’est pas d’une grande originalité, mais pourtant ce film n’est pas si mineur qu’il n’en a l’air. Il laisse en nous l’empreinte de l’adolescence incandescente et de ce que j’appellerais « l’insouciance du désespoir » qui anime ses protagonistes. Et des plans magnifiques, des visages entre ombres et lumières, et des silhouettes si vivantes pour quelques instants encore devant une grande roue aux couleurs pop…

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