Sasha, 30 ans, décède brutalement. Sa sœur Zoé et son compagnon Lawrence tente ensemble et séparément de surmonter la perte, le temps de 3 étés à Berlin, Paris et New York…
Après le bouleversant Amanda, j’ai eu envie de découvrir plus avant la filmographie de son réalisateur Mikhaël Hers. Et comme Arte fait bien les choses, la chaîne a justement rediffusé ces jours-ci son deuxième long-métrage, Ce sentiment de l’été. Je savais qu’il y était déjà question de deuil, je m’attendais donc à beaucoup d’émotion et de subtilité.
Encore une fois tout en finesse, le réalisateur capte la reconstruction progressive de deux êtres après un deuil commun. Figure muette ou presque, Sasha traverse le début du film comme une apparition : elle est là, et l’instant d’après, elle s’évanouit (au sens propre comme au figuré), laissant derrière elle ses parents, touchants personnages secondaires, sa sœur Zoé (Judith Chemla, que j’ai découverte avec Camille Redouble) et son compagnon Lawrence (Anders Danielsen Lie, vu dans Personal Shopper et qui incarnera bientôt le tueur Breivik dans Un 22 juillet).
On ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup d’action dans ce film quasi dépourvu d’intrigue. On a l’impression que le réalisateur se contente de poser discrètement sa caméra et de regarder les protagonistes vivre (ou survivre), de les observer avec un mélange d’intimité et de pudeur. Pas de cris, quelques larmes (moins que dans Amanda, probablement une des raisons pour lesquelles je n’ai moi-même pas pleuré cette fois), le chagrin de Zoé et Lawrence est tout en retenue. À peine le jeune homme craquera-t-il une fois, demandant à la sœur de sa bien-aimée disparue de l’aider à surmonter sa douleur. Le reste du temps, les étés se suivent et se ressemblent plus ou moins, en dépit des changements de décor. Comme si le plus difficile à supporter était que la vie reste la même en dépit de la disparition d’un être cher.
Pourtant on sent bien la tristesse qui infuse le film, l’absence présente partout, dans l’espace entre Lawrence et Zoé, qui semblent un peu embarrassés en présence l’un de l’autre, même s’ils se disent toujours très heureux de se voir. Un moment, je me suis demandée si ces deux-là n’allaient pas finir par se consoler ensemble, ce que la ressemblance annoncée entre Zoé et sa sœur pouvait laisser présager. On sent bien en tout cas que l’idée a dû traverser leur esprit de temps à autre.
Mais le film est plus subtil que cela. Il se contente de plans sur des jardins en pente, de balades à pied ou à vélo, de conversations surplombant des villes où l’on peut à la fois se perdre et se retrouver. Toutes choses que l’on retrouve dans Amanda, de même que la figure de l’adulte endeuillé(e) tenant par la main un enfant. Même si j’ai été moins portée par ce film que par le suivant, il y a quelque chose dans ce cinéma si doux et contemplatif que j’aime beaucoup. Probablement ce mélange de simplicité et de bienveillance qui agit comme un baume au cœur.