« En nous beaucoup d’hommes respirent » : l’art dans le sang

couverture-livre-en-nous-beaucoup-d-hommes-respirentIl était une fois Raoul, sculpteur, qui tombe amoureux de Cécile, jeune couturière… Trois générations plus tard, Marie-Aude retrouve leurs lettres dans un coffret familial…

Comme tous les enfants des 90s, je connaissais Marie-Aude Murail (ainsi que ses frère et sœur Lorris et Elvire) en tant qu’écrivain pour la jeunesse (elle précise elle-même qu’elle se dit écrivain au masculin depuis ses jeunes années). J’ai lu D’amour et de sang, relu la saga Golem, et vénéré Vive la République ! à l’adolescence (c’est probablement un des trois livres que j’ai relus le plus de fois dans ma vie, j’en sais des passages par cœur).

Alors quand j’ai vu dans le catalogue de rentrée de l’Iconoclaste qu’elle publiait un livre destiné aux adultes, j’ai été saisie d’impatience et d’enthousiasme. Évidemment, lors de la présentation de rentrée de l’éditeur, je n’ai pas eu le courage de l’approcher, intimidée.

J’imagine que j’y arriverais davantage après la lecture de ce livre biographique et autobiographique, dans lequel elle révèle toute l’histoire de sa famille sur 4 générations. Dans cet ouvrage richement illustré de reproductions de photos et extraits de lettres issus des archives familiales, Marie-Aude part sur les traces de la branche maternelle de sa famille, avant de se tourner vers la branche paternelle, pour en venir à son enfance et la naissance de sa vocation d’écrivain. Dans la dernière partie, elle abandonne toute réserve pour livrer des réflexions sur sa vie de femme, de mère, et d’écrivain pour la jeunesse.

Toutes les trajectoires sont émouvantes, a fortiori lorsqu’on découvre en noir et blanc le visage qui a prononcé les mots doux rapportés ou les expressions familiales transmises de génération en génération. Dans un style souriant, Marie-Aude Murail rapporte aussi bien les heures joyeuses de jeunes gens qui se faisaient la cour que les drames les plus tragiques qui ont touché sa famille. Sur plus de 400 pages, le récit mêle toutes les émotions de la vie et voit défiler une galerie de personnages qui ont en commun ce qu’ils lui ont légué : l’âme artiste. Ce qui m’a probablement le plus touchée, c’est de saisir dans ce récit familial des inspirations à mes lectures de jeunesse. Tout à coup, la toute jeune Cécile Barrois de Vive la République ! a pris une autre dimension, lorsque j’ai compris qu’elle portait le nom de la grand-mère de Marie-Aude et exerçait la profession de sa mère.

C’est un bel hommage plein de respect et d’affection que ce livre qui ne cache pas les défauts des gens et n’élude pas les petites misères familiales, les brouilles et les colères, mais préfère s’appesantir sur les émotions positives, et en particulier l’amour, qu’il soit conjugal ou filial.

C’est un vent de fraîcheur aussi que de découvrir la vie pleine et mouvementée de celle qui enchanta par ses romans notre enfance : enfant rêveuse, ado fougueuse, elle nous parle fantasmes, polyamour, identité de genre à travers les décennies, tout en revendiquant le couple qui dure. C’est beau, toutes ces vies en une, et ça donne envie de ne pas se contenter de vivre à moitié.

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