Sur un coup de tête, Philippe loue un studio pour une semaine à Rouen, où il a été étudiant. Il est décidé à revoir Clément et Louis. Avec David, ils ont formé une bande inséparable à la fac…
J’avais un peu hésité à mettre ce roman dans ma liste de SP pour cette rentrée. En effet, j’étais partagée entre mon goût pour les histoires d’amitié, avec un intérêt accru du fait que les personnages aient été des étudiants littéraires, mais aussi ma crainte du déjà-lu. Il faut dire qu’un homme en pleine crise de la quarantaine qui cherche le sens de sa vie dans ses amitiés passées, ce n’est pas totalement neuf.
Pourtant, et même si certaines pages m’ont forcément évoqué d’autres lectures (je pense notamment au très beau Voltigeur de Marc Pondruel paru il y a quelques années), j’ai trouvé que le roman de Fabrice Chillet avait quelque chose d’assez authentique. Probablement en partie une question de décor : les lieux sont importants dans ce roman, on sent qu’ils ont une âme, un vécu qui influe sur leurs occupants autant que l’inverse. Un peu comme dans Pourquoi les oiseaux meurent paru chez le même éditeur l’an dernier, le voyage Paris-Normandie est pour le narrateur une forme de retour aux sources vers des lieux visiblement marquants. Moi qui ne suis pas toujours friande de descriptions, j’ai aimé la façon précise et parfois étonnamment imagée qu’a le narrateur de regarder autour de lui, de redécouvrir l’appartement d’un ami, une librairie qu’il fréquentait plus jeune, une rue, une bibliothèque. Les objets, les livres surtout, semblent traités avec une forme de respect.
L’histoire amicale m’a presque paru secondaire, par contraste. Comme si le lecteur comprenait bien avant Philippe que, ce qu’il est venu chercher, c’est moins les explications de Louis qu’une forme de réconciliation avec ses aspirations de jeune adulte évanouies au fil des années et des contraintes professionnelles. On s’étonne un peu d’ailleurs de cette admiration sans borne pour cet ami qui semble somme toute un homme normal, professeur et poète à ses heures perdues comme il y en a tant. On perçoit bien que l’admiration intellectuelle aurait pu se jouer sur un autre niveau de relation, mais cela reste à peine évoqué, comme s’il ne fallait pas risquer de s’aventurer du côté sentimental ou sensuel (évidemment j’ai trouvé ça un peu dommage).
Plus qu’une histoire d’amitié telle que je m’y attendais, donc, j’ai perçu ce livre comme celui d’un homme qui se reconnecte avec son envie et son ambition de romancier. Probablement une sorte de miroir de l’auteur lui-même et c’est sans doute en cela que le livre sonne vrai. On souhaite donc à Fabrice Chillet un bel avenir d’écrivain, comme à son personnage.
Oh, tu me tentes! 🙂 pourtant la couverture ne m’aurait pas invitée à chercher plus loin!
Je peux te le prêter ! 😉
Oh ouiii! (la meuf qui répond avec 30 ans de retard, désolée)
Pas de souciii ! Si ça te dit on se cale un café un de ces jours pour faire un point rentrée littéraire et se prêter des bouquins ! 🙂
Carrément! 🙂