Aux quatre coins du globe, huit personnes vivent des phénomènes étranges : apparitions, voix qui leur parlent, impression d’être tout à coup dans un autre lieu… Les sensates vont devoir apprendre à vivre reliés aux membres de leur cluster par leurs émotions…
L’idée
Sense8 a été l’une des premières séries faisant collaborer une plateforme (Netflix) et des créateurs/trices venu(e)s du cinéma et de la télévision : ici les sœurs Wachowski (Matrix, Cloud Atlas) et le showrunner J. Michael Straczynski. Née d’une conversation sur les technologies qui nous séparent et nous unissent, la série est initialement envisagée sur 5 saisons mais n’en connaîtra que deux, suite à la décision de Netflix de ne pas la renouveler. La mobilisation des fans à travers le monde permet d’obtenir un épisode final de 2h30 afin d’apporter une conclusion à l’histoire.
Scénario
Le scénario mêle un arc narratif commun aux sensates et leurs 8 trajectoires personnelles. La narration principale voit s’opposer nos héros et héroïnes à une organisation internationale appelée BPO (Biologic Preservation Organization) qui les traque à travers le monde. Cette intrigue est l’occasion d’aborder la possibilité que plusieurs espèces vivent en bonne intelligence. Les vies des sensates, indépendamment de leur statut de cluster, sont riches en rebondissements et en situation délicates : Nomi fait face au rejet de sa famille qui n’a pas accepté sa transition, Lito cache sa relation homosexuelle avec Hernando pour préserver sa carrière d’acteur, Will est inquiet pour son père, ancien flic alcoolique, Riley se trouve prise dans une histoire de drogue et lutte contre un grave traumatisme passé, Wolfgang est en rivalité avec son cousin pour voler des diamants, Capheus doit trouver des médicaments pour sa mère malade du SIDA, Kala hésite à accepter un mariage de raison et Sun couvre les malversations de son frère quitte à aller en prison.
Tonalités et thèmes
Grâce à son large panel de personnages principaux et secondaires, la série réussit à aborder de nombreux thèmes de façon mêlée : l’amour, l’amitié, la famille, l’art, l’ouverture aux autres, la gestion des émotions, les choix de vie et leur résonnance sur autrui, mais aussi des sujets lourds tels que la maladie, le deuil, la prison, la violence conjugale, le rejet d’une personne en raison de son identité ou orientation sexuelle, la solitude, l’alcool, la drogue, la guerre des gangs…
Elle a surtout marqué les esprits par son ouverture et son message d’amour, de bienveillance et de curiosité positive, en abordant sans tabous des thèmes liés à la sexualité et aux relations amoureuses comme le polyamour. Plus qu’un divertissement, Sense8 se pose en acte politique et militant. Le message de la série colle assez bien au titre de l’épisode final : « Amor Vincit Omnia »… On a d’ailleurs pu lui reprocher un côté « bisounours » dû justement aux valeurs qu’elle porte, mais cet optimisme est contrebalancé par la noirceur de sa toile de fond.
Côté tonalités, là aussi, Sense8 se révèle d’une grande richesse : bouleversante, drôle, tendue, érotique, dynamique, réflexive, la série fait passer les spectateurs/trices par toutes les émotions. Impossible de rester indifférent, entre scènes d’action (spécialité des Wachowski depuis Matrix) et scènes d’amour, tout le monde y trouve son compte ! De plus, l’histoire est portée par une magnifique bande-son qui utilise des standards pour créer des scènes cultes (notamment celle de « What’s up » des 4 Non Blondes).
Personnages

Ils sont l’atout majeur de la série. Tous les personnages principaux, ainsi que leurs adjuvants, sont extraordinairement solaires et sympathiques. Leur variété favorise l’identification, et leurs liens très forts engendrent l’empathie. Les personnages secondaires sont très travaillés et n’ont rien à envier aux 8 sensates. Surtout, la diversité d’origines, de genre et d’orientation sexuelle fait de la série une grande première en termes de représentation, et un étendard pour la communauté LGBTQ+ qui l’a beaucoup soutenue. Seul bémol, dans la deuxième saison, on se perd parfois un peu face à la profusion de nouvelles têtes.
Difficile de ne retenir qu’un ou deux personnages alors que tous sont si touchants et humains. J’ai rarement autant adhéré aux personnages d’une série, autant eu l’impression de les connaître et autant pleuré en les quittant. Surtout, à chaque revisionnage (j’ai vu 3 fois la saison 1), j’ai eu l’impression de redécouvrir des personnages secondaires : Hernando, Daniela et Bug font ainsi partie de mes chouchous. Parmi les sensates, je me suis senti des affinités particulières avec Riley et je suis une inconditionnelle du couple « Kalagang »… et la fin de la série m’a totalement ravie par l’orientation audacieuse qu’elle prend à ce sujet !

À voir après…
Honnêtement, je suis bien en peine de conseiller une quelconque série ressemblant de près ou de loin à Sense8, qui me semble totalement unique dans son style et ses qualités. Pour ma part, après cette très grande série, j’ai décidé d’attaquer directement un autre monument aux personnages riches et attachants, mais dans un univers bien différent : Six Feet Under.
Six Feet Under est une immense pépite !!! Dans le genre inoubliable, on ne fait pas mieux. Sense 8 n’est pas loin derrière je dois l’avouer.
Pour l’instant j’aime bien Six Feet (je suis dans la s2) mais je n’ai pas autant d’amour pour les persos que pour ceux de Sense8, je dois l’avouer.