Marlène se marie, mais n’a qu’une crainte, tout faire foirer. Son goût immodéré de l’alcool la mène effectivement à l’échec, sous le regard de sa fille Elli, huit ans, désemparée par cette mère immature et dépressive.
J’avais repéré ce film durant Cannes grâce à sa présence dans la sélection Un certain regard, et c’est avant tout sa très belle affiche mordorée qui m’avait attirée. Quand j’ai su qu’il s’agissait d’un premier film, ma curiosité a été aiguisée.
En réalité j’ai eu du mal à vraiment croire qu’il s’agisse d’un premier opus car Vanessa Filho fait preuve d’une maîtrise de la caméra étonnante et propose un univers déjà assez personnel qui transparaît dans le choix des lieux, des décors et costumes, des éclairages… Le tout crée une ambiance, une couleur particulière qui irradie tout spécialement dans quelques plans esthétiquement très réussis (lorsqu’Elli danse en boîte et quand elle rêve de retrouvailles sous les flashes des paparazzi, entre autres). J’ai été moins étonnée lorsque j’ai appris que la réalisatrice s’était illustrée dans le domaine des clips vidéos, ce qui explique assez bien ces quelques plans particuliers, souvent liés à la musique, et parfois un peu déconnectés de la réalité du cadre.
Une chose est sûre, Vanessa Filho et son équipe n’ont pas eu peur de l’excès ni de la démesure. Certes, quand on filme à hauteur d’enfant, tout peut paraître immense (la piscine vide, le manège interdit). Mais l’excès se niche partout : dans les tenues ridiculement courtes ou aux motifs exagérément chargés, dans le maquillage outrancier et les stickers et strass collés à même la peau, dans les imprimés léopards jusqu’au tigre blanc trônant près de la télé… mais aussi dans les comportements : ivresse, sexualité débridée, grasses matinées qui se prolongent en sieste dépressive, cris devant une émission de télé-réalité chez Marlène (Marion Cotillard, quasi méconnaissable). Et chez Elli, à peu près tout en version enfant. Car si les premières images laissent entrevoir une inversion des rôles (c’est la petite fille qui chante une berceuse à sa mère pour l’endormir), peu à peu, alors même que sa mère l’a laissée livrée à elle-même, Elli (Ayline Aksoy-Etaix, révélation qui crève l’écran) tend à devenir son clone en miniature.
Centré sur la misère affective d’une enfant abandonnée par une mère irresponsable et toxique, le film aurait de quoi déprimer sérieusement ses spectateurs, s’il n’offrait à Alban Lenoir l’opportunité d’un rôle de vrai gentil embarqué malgré lui dans une histoire qui ne le concernait pas. Enfin une belle partition à la mesure de la révélation d’Un Français (et ce n’est sans doute pas un hasard qu’on retrouve Diastème au scénario), qui dévoile ici une fibre paternelle et sensible sous des dehors un peu ours.
Assez prévisible, le scénario n’est pas d’une grande originalité, et s’inscrit dans la veine des films sur les parents indignes et les enfants perturbés, après La Tête haute ou Ava ces dernières années. Heureusement, son casting éblouissant emporte l’adhésion et son esthétique d’une classe populaire vautrée dans la déprime, le léopard et l’alcool imprime la rétine.
L’affiche est très belle effectivement. Et bien je n’avais pas entendu parler de ce film. Je serais assez tentée, pour l’histoire, et le fait que ce soit montré à travers les yeux d’un enfant… 🙂
J’espère qu’il te plaira !
Je le savais qu’il valait le coup ce film. Et merci d’avoir souligné la prestation d’Alban Lenoir. La plupart des critiques sont restées sur Marion Cotillard. J’irais le voir. C’est sur.
Elle joue très bien c’est sûr mais tout le casting est bien ! J’espère qu’il te plaira !