« Song to song » : tout pour la musique

affiche-film-song-to-songFaye, une jeune guitariste, travaille comme réceptionniste pour Cook, un riche producteur avec qui elle entretient une liaison. Lors d’une fête, elle rencontre BV, qui écrit des chansons. Il tombe sous son charme…

Song to song était clairement un des films de 2017 que j’attendais avec le plus d’impatience. En premier lieu pour sa plongée dans le milieu de la musique, un envers du décor qui m’avait déjà poussée à regarder New York Melody, et que j’espérais cette fois plus réussi. L’autre raison majeure se trouve évidemment côté casting avec le carré d’as Mara-Gosling-Fassbender-Portman.

Ne connaissant le cinéma de Terrence Malick que de réputation, je m’attendais à un film très esthétique et assez contemplatif, ce qui est somme toute assez vrai. L’une des qualités majeures du film est sans conteste sa beauté. Visuellement, on est dans une esthétique très recherchée, qui flirte avec le documentaire caméra à l’épaule pour mieux faire naître des gros plans hallucinants. On trouve quelques plans larges réussis, des paysages, des scènes de festivals, mais c’est surtout de près que la caméra de Malick agit comme un révélateur, en particulier lorsqu’il s’agit de filmer ses personnages. Un regard, une fossette, une mèche de cheveux, une plume dans une main, deviennent un objet étrange et fascinant qu’on croit voir pour la première fois. À ce jeu-là, le film doit énormément à Rooney Mara, qui irradie d’un charme indéfinissable, à la fois mutine et mélancolique, élégante et animale. Bouleversante d’émotions contenues, Faye est un personnage indéniablement captivant, prise entre son désir de succès et les relations aux hommes qui l’abîment.

Face à elle, les personnages masculins sont un peu trop manichéens, entre BV, trop naïf et sincère pour le milieu dans lequel il évolue, et Cook, sorte de pervers manipulateur proprement abject. Dommage que Rhonda n’apparaisse que comme l’occasion de prouver sans plus d’hésitation la noirceur du producteur, car le personnage d’institutrice de Natalie Portman aurait pu être davantage développé.

En dépit d’une narration déroutante, puisque les personnages ne s’expriment quasiment qu’en voix off, racontant leur histoire comme a posteriori (les dialogues sont réservés à des scènes marquantes), le film n’est pas qu’une juxtaposition de courtes scènes comme on pourrait le penser. Entre les apparitions clins d’œil de grandes stars de la musique (Patti Smith, Iggy Pop, et Lykke Li dans un rôle plus conséquent) et les nombreuses scènes de contact physique (qu’il s’agisse d’étreintes amoureuses ou de combats amicaux), se dessine la trajectoire de deux aspirants musiciens confrontés à un dilemme entre vie personnelle et professionnelle. Faut-il être prêt à tout pour espérer toucher du doigt le succès et la gloire ? Ou vaut-il mieux privilégier les relations humaines quitte à accepter l’échec ? Clairement, la comparaison avec La La Land qu’on a pu lire ici ou là n’est pas fantaisiste, car les questions existentielles qui se posent aux protagonistes sont les mêmes.

Alors pour autant, ce film a-t-il renouvelé le coup de cœur du début d’année ? Même si je l’ai trouvé très beau, et si je ne redirai jamais assez combien Rooney Mara y est exceptionnelle, j’ai été moins séduite par les partis-pris scénaristiques de Malick. D’un point de vue tout à fait personnel, j’ai eu l’impression que les femmes adaptaient beaucoup leur attitude aux hommes dans l’histoire, et que, comme le dit bien Lykke Li, elles souhaitaient absolument, tout en se rêvant libres et en sécurité, être aimées. Un constat qui me chagrine un peu quand il s’applique à tous les personnages féminins, et que les personnages masculins semblent globalement en position de force. Le film n’en reste pas moins un des grands films de l’année.

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