Jane n’a pas connu ses parents, et a pour premiers souvenirs la vie auprès d’une riche tante qui la considère comme un fardeau. Placée dans une institution, elle apprend à devenir gouvernante et à dompter son tempérament impulsif…
Comme Les Hauts de Hurlevent ou Orgueil et préjugés, Jane Eyre faisait partie de ces « classiques-qu’il-faudrait-que-je-lise-un-jour ». Chaque année j’essaye de lire une œuvre majeure de la littérature anglo-saxonne en VO. L’an dernier je m’étais attaquée à Far from the madding crowd, cette année le Club de lecture du Pingouin Vert a choisi pour moi Jane Eyre. Ayant un peu sous-estimé la taille du pavé (400 pages écrites en tout petit), je viens juste d’achever cette lecture… du mois de mars.
Forcément, sur 400 pages, il ne faut pas s’attendre à une intrigue ultra dynamique. Jane nous conte ses souvenirs depuis l’enfance et s’attarde sur les périodes qui l’ont particulièrement marquées : les années douloureuses chez Mrs Reed, à subir le brimades de ses cousins, l’arrivée à l’institut Lowood où elle fera toute sa scolarité, puis sa première place de gouvernante auprès de la petite Adèle, au service de Mr Rochester.
Mais je crois que, comme moi, tout le monde connaissait déjà plus ou moins l’histoire du roman de Charlotte Brontë, adapté pas moins de 13 fois au cinéma. Pour ma part j’avais vu la version récente avec Mia Wasikowska et Michael Fassbender, et le film m’avait beaucoup plu (même si je n’en ai gardé que très peu de souvenirs). En ayant lu le livre, je ne peux que tiquer sur le choix des acteurs. Jane Eyre, sa silhouette si chétive, son visage si commun que nul ne la trouve belle hormis Mr Rochester… (pauvre Mia Wasikowska, on ne peut pas dire qu’elle soit laide !), et Mr Rochester justement, ses traits grossiers, ses gros sourcils et ses immenses yeux noirs brillants… ah non, Michael Fassbender a les yeux bien bleus. Je blague, mais la description physique des personnages dans le livre m’a marquée, car les deux héros sont présentés comme relativement laids, ce que je trouve assez rare pour être souligné. Pour ma part cela a un peu réfréné l’attachement que je pouvais éprouver pour eux, car en plus de sa laideur apparente, Mr Rochester n’a pas un caractère facile, et j’ai finalement du mal à comprendre ce que lui trouve Jane. D’où mon désarroi face à des scènes de déclaration tout de même très à l’eau de rose. Si j’attendais, comme tout le monde je pense, le rapprochement entre les personnages, j’ai été déçue que Charlotte Brontë cède à un romantisme facile et à une exaltation qui sonne très surannée pour le lecteur contemporain.
Heureusement la dernière partie du livre, lorsque Jane rencontre de nouveaux amis, m’a davantage enthousiasmée. Les personnages de Mary, Diana et St John sont bienvenus avec leurs caractères beaucoup plus placides et raisonnables (quoique) que ceux de Jane et Mr Rochester. Cela dit je comprends l’intérêt de dépeindre un personnage capable d’emportements et de franchise comme Jane Eyre, car j’imagine qu’à l’époque peu de femmes s’exprimaient autant. Je suis d’ailleurs frappée du nombre de personnages célèbres de « femmes de caractère » dans la littérature victorienne et même avant, d’Elizabeth Bennett à Bathsheba Everdene en passant par Jane Eyre.
J’ai donc passé un moment de lecture plutôt agréable, en dépit de quelques longueurs et d’un côté un peu trop fleur bleue à mon goût, mais par comparaison, j’ai nettement préféré le style de Thomas Hardy et les personnages de Far from the madding crowd.
Haha, j’ai totalement craqué pour Jane Eyre (et Rochester bien sûr) en ce qui me concerne ^^’ Je te conseille la série de la BBC, elle est excellente, et j’ai tendance à la préférer par rapport à celle de Mia Wasikowska 🙂
C’est toujours bien les adaptations BBC !
Je suis comme toi, chaque année je me dis qu’il faudrait que je découvre un grand classique… J’en lis peu mais je suis la plupart du temps ravie de les découvrir !
Chez moi cette ambition ne fonctionne bizarrement que pour la litté anglo-saxonne. En français je préfère résolument le contemporain.
Ah mince pour le côté fleur bleue, j’avoue que je ne l’ai pas ressenti comme cela (mais j’ai lu pour la première fois ce livre il y a tellement longtemps que je dois être biaisée xD)
Pour la liberté de ton, il ne faut pas oublier que l’image qu’on a de la société victorienne est aussi un peu faussée. Tous le monde n’était pas aussi collet-monté et respectueux des convenances que les livres et les manuels de bonnes manières nous le font maintenant croire. C’était plus un idéal – après est-ce que cela était réellement appliqué à la lettre, surtout en dehors de Londres 😉 ?
En fait je me demande si la société anglaise ne s’est pas rigidifiée après, quand je lis Julian Fellowes par exemple…
c’est une très bonne question !
C’est vrai que c’est un sacré pavé ! Avec des longues longueuuuurs , mais au final j’ai aussi été agréablement surprise 🙂
Haha « longues longueurs » ça décrit bien le truc !
Hihi
Je me lance moi-aussi des petits challenges, comme lire des classiques en VO. L’an dernier j’ai lu Les Hauts de Hurlevent, et cette année Pride and Prejudice (j’ai adoré celui-ci). Jane Eyre, je lirai aussi, quand l’envie se fera vraiment ressentir. 🙂
J’ai vu tous les Austen en adaptations mais lu aucun haha !
Pour moi Jane Eyre c’est Charlotte Gainsbourg. Son cote « moche mais belle quand meme », sa fragilite apparente, et sa force sous jascente collent parfaitement au personnage.
Moui, pourquoi pas. Je ne suis pas hyper fan de Gainsbourg en général (sauf dans « Samba », mais c’est Toledano-Nakache, je ne suis pas objective)
Moi non plus, mais là elle est juste parfaite!
Pourquoi pas alors !
C’est un classique de la littérature british que j’ai adoré. Sans doute pas autant que les romans de jane Austen, mais pas loin!
Ah oui ! Moi j’ai bien aimé mais pas autant que Great Expectations par exemple.
Je n’ai jamais lu ce livre – ça fait effectivement partie des fameux grands classiques à lire – mais ton passage sur la laideur est super intéressant : c’est vrai que c’est pas quelque chose de très habituel !
Oui et surtout, on a quand même tendance à prendre des acteurs pas trop moches pour les incarner !
Dommage que ton ressenti soit mitigé, pour ma part ça avait été un gros coup de cœur !
Un peu prévisible pour moi, en même temps c’est toujours le cas avec ces classiques romantiques. Et puis j’avais vu une adaptation, ça n’aide pas ! ^^
Voilà un autre classique que je me dois de lire ! Est-ce que ce roman offre une critique de la société de l’époque, ou pas du tout ?
Une critique, pas vraiment. Un peu sur la façon dont les gens mettent les apparences avant tout pour choisir un parti à épouser, mais ce n’est pas un roman conçu pour critiquer.