Claire Robbins quitte précipitamment Pittsburgh pour auditionner dans une grande compagnie de ballet new-yorkaise. Elle est reçue et fait très forte impression à Paul Grayson, le directeur artistique, qui voit en elle sa nouvelle étoile…
L’idée
La créatrice de la série, Moira Walley-Beckett, est aussi l’une des scénaristes de Breaking Bad, à qui l’on doit l’épisode particulièrement réputé « Seul au monde » (Ozymandias). Elle s’attaque ici au monde de la danse classique dans ce qu’elle voulait être une sorte d’anti-Black Swan… en théorie, car on pourra noter certaines ressemblances entre la série et ce film.

Scénario
Initialement prévue pour être une série, Flesh and bone a été réduite par la chaîne Starz à une mini-série, en raison de son coût exhorbitant. Le scénario a donc été condensé, et le résultat est assez convaincant. Si la fin peut apparaître comme une bonne façon de boucler la série, certaines pistes apparaissant au cours des épisodes semblent avoir été préparées pour évoluer dans une suite qui ne verra pas le jour. La série suit le personnage de Claire, dans sa découverte du fonctionnement de la compagnie de ballet mais aussi dans son cheminement personnel. On suit également le destin de quelques autres danseurs et danseuses ainsi que des dirigeants de la compagnie, Paul et Jessica.
Tonalités et thèmes
Dès le premier épisode, la série apparaît comme sombre et tourmentée, à l’image de son héroïne, qui a pourtant également un côté lumineux qui transparaît dans les scènes de danse. Les caméras proposent une vision très réaliste du monde du ballet, avec des scènes de vestiaires, d’échauffements et de répétitions filmées sous plusieurs angles, dans une volonté de faire « vrai » plus que « joli ». Néanmoins les divers troubles psychologiques qui agitent les danseurs et danseuses donnent parfois lieu à des scènes plus étranges, presque fantastiques, de même que le personnage de Roméo, qui vit sur le toit de l’immeuble de Claire et apparaît peu à peu comme un prophète.
La vie personnelle de Claire est aussi l’occasion d’une succession de phases de dépendance et de libération, dans l’ensemble assez prenante mais glauque. Plus on en apprend sur le personnage, plus la part sombre ressort en elle pour anéantir peu à peu l’image de « Bambi », la jeune fille timide et naïve à laquelle Paul croyait avoir affaire initialement.
Personnellement j’ai beaucoup plus adhéré au traitement de la vie du ballet qu’à celui de la vie intime de l’héroïne, car j’ai trouvé que celle-ci était vraiment chargée pour un seul personnage, et son évolution pas toujours aisée à comprendre. La série se surpasse lorsqu’il s’agit d’interroger la vision du corps des danseurs, à la fois outil de travail, allié et ennemi dès qu’il faiblit. Bien entendu on n’évite pas quelques poncifs comme les troubles alimentaires, le surmenage ou le recours à la drogue, de même qu’une vision de la sexualité sans trop de surprises (homosexualité masculine, sexe comme monnaie d’échange, etc.).
Personnages

La série est très centrée sur Claire (Sarah Hay), personnage troublant et magnétique, parfois un peu trop. Au début, j’ai vraiment adhéré au mystère porté par cette héroïne sensible, et par la suite j’ai trouvé audacieux le renversement de perspective qui nous la révèle plus complice que simplement victime du secret familial qui la hante. Malheureusement la fin de la série tend à revenir au schéma initial identifiant la gentille et le méchant de l’histoire, ce qui m’a déçue, notamment pour le personnage de Bryan (Josh Helman), qui gagnait à n’être pas seulement effrayant tel qu’il peut apparaître d’emblée.
Concernant les membres du corps de ballet, ils ont chacun forces et faiblesses mais aucun ne peut incarner une ligne éthique tant la rivalité et la mégalomanie font rage. J’ai cependant eu une préférence dès le début (qui ne s’est pas démentie) pour Daphné (Raychel Diane Weiner). Très à l’aise dans son corps et assumant son statut de gosse de riche, la jeune femme fait office de bonne camarade dans la troupe, dénotant par sa franchise. Et si elle intrigue elle aussi pour obtenir une promotion, elle finit par prouver par son travail qu’elle l’a méritée.
À voir après…
Le monde des séries n’est pas très riche concernant la danse classique. Qui dit « danse » dit, pour ma génération, Un, dos, tres (que je n’ai jamais regardée). Côté classique, pour rester dans l’univers de Flesh and bone, il faudra plutôt chercher au cinéma pour trouver des films comme Billy Elliot (pour l’origine sociale et les auditions) ou Black Swan (pour la rivalité et les troubles psychologiques).
Avez-vous vu Flesh and bone ? Qu’en avez-vous pensé ?
Une série qui me tente énormément, merci pour cet article =)
J’avais adoré cette série, l’esthétisme était dingue. Par contre, comme toi, j’ai trouvé que Clair « cumulait » trop les pbs pour être crédible (et la glauquitude de la relation avec le frangin, j’ai eu du mal…)
En fait que ce soit glauque pourquoi pas, mais il aurait fallu développer ça autrement sur la fin je trouve.
Je l’ajoute à ma liste à voir ^^ Merci pour cette découverte ! 🙂