#MRL16 – « Les mains lâchées » : « j’aurais aimé tenir ta main… »

cvt_les-mains-lachees_5490Madel, journaliste française aux Philippines, profite de vacances avec son nouveau compagnon Jan, à Tacloban, lorsque le typhon Yolanda se mue en tsunami pour dévaster l’île. À son réveil, Madel est seule avec le cadavre de l’employée de maison…

Lorsqu’est arrivée la sélection des Matchs de la rentrée littéraire de PriceMinister, auxquels j’avais participé l’année dernière, je pensais en avoir à peu près fini avec les lectures de la rentrée littéraire. Je me suis alors tournée vers un livre dont je n’avais pas du tout entendu parler à sa sortie, faisant confiance à la critique élogieuse qu’en avait fait Leiloona.

J’ai entamé la lecture des Mains lâchées juste après avoir fini Anatomie d’un soldat. Il faut croire que j’ai des tendances masochistes en littérature car il s’agit de deux livres très forts évoquant des événements dramatiques. Ici, il s’agit d’une catastrophe naturelle de grande ampleur, dont je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu parler lorsqu’elle s’est produite. Et c’est sans doute ce qui m’a le plus choqué à la lecture. Pour les Philippins, ce tsunami a beau être le pire jamais connu, il n’est jamais qu’un parmi d’autres. Pour preuve, l’envoi sur le terrain de reporters spécialisés dans ce type de catastrophes, comme la dure Irene, qui va se révéler aussi fragile que désagréable, et le couple Ben & Sally, qui semble dénué de sentiments. On ne peut pas dire qu’Anaïs Llobet soit tendre avec son milieu professionnel, elle qui s’inspire de sa propre expérience de journaliste aux Philippines au moment du drame. Du rédacteur en chef qui lui impose de lui fournir des témoignages alors qu’elle est sous le choc et sans nouvelles de son petit ami à ses collègues qui se pressent dans la newsroom improvisée, Madel est confrontée à des professionnels manquant sérieusement d’humanité.

Par opposition, les portraits des habitants démunis touchent au sublime : des hommes et des femmes prêts au sacrifice ultime pour protéger des proches, des survivants qui continuent à croire qu’ils retrouveront leur famille, des pompiers et des médecins qui étouffent leurs propres sentiments pour se rendre utiles au plus grand nombre… De cette plongée dans l’horreur, l’auteur tire un livre torturé mais lumineux, où émergent des boues carnassières le sourire d’un enfant courageux ou une étreinte salvatrice.

J’avoue que je ne m’attendais pas vraiment à la fin du récit, très sombre. Sans doute ai-je un peu trop projeté le personnage de Madel sur l’auteur et estimé que, comme Anaïs Llobet, elle devait s’en sortir et reprendre une vie normale. Mais c’est aussi la question de l’accompagnement des victimes, au-delà des premiers soins, qui transparaît dans le livre. Comment aider les traumatisés qui ont vu le pire, vécu l’angoisse et la perte d’un proche ? Pourtant, d’autres semblent avancer qui ont subi des pertes plus graves. Une amourette de deux mois peut-elle expliquer une telle impossibilité à se reconstruire ? Ou est-ce la culpabilité qui dévore Madel ?

Un récit dur et émouvant, sans voyeurisme excessif mais sans volonté d’embellissement, qui témoigne de l’horreur des catastrophes dues au réchauffement climatique et des conditions d’exercice du métier de reporter. Merci PriceMinister !

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