Walter White, prof de chimie au lycée, apprend qu’il est atteint d’un cancer dont il ne réchappera pas. Pour mettre sa famille à l’abri du besoin, il se lance dans la production de méthamphétamines, qu’il fait commercialiser par un ancien élève, Jesse Pinkman.
Avec mon esprit de contradiction légendaire, quand tout le monde a commencé à parler de Breaking Bad, j’ai résisté sans mal. Un héros chimiste, des histoires de drogues et de truands, très peu pour moi. Et puis, une fois l’engouement général retombé (merci Game of Thrones), alors que je cherchais une série à entamer, j’ai accepté de lui laisser sa chance, aidée par l’étiquette AMC.
L’idée
Après avoir longtemps écrit pour X-Files, Vince Gilligan, trouvant que les séries télévisées ne poussaient pas assez les personnages dans leurs retranchements, a eu envie d’un projet qui permettrait de mettre en avant un personnage qui sort des cadres, qui évolue de manière inattendue. C’est d’ailleurs le sens de l’expression to break bad : partir en vrille, prendre un mauvais tournant.

Scénario
Partant de cette idée de revirement brutal, la série s’en donne à cœur joie : du prof que son beau-frère charrie sur sa vie routinière et rangée, il ne restera pas grand chose cinq saisons plus tard. Et pour le spectateur, cette mue est absolument fascinante. Jusqu’où ira Walt ? Et que va-t-il y gagner et y perdre ? Le scénario nous tient en haleine sans coup férir. Certains ont trouvé que la série commençait doucement et ne prenait en envergure qu’à partir de la saison 3. Pour ma part j’ai adhéré dès le début aux arcs narratifs déployés, ayant toujours hâte de connaître la suite. L’utilisation des flashbacks et flashforwards est toujours maline, donnant au spectateur juste assez d’indices pour qu’il veuille à tout prix en savoir plus. On les retrouve notamment dans les scènes d’ouverture précédant le générique de chaque épisode. Elles constituent de vraies pépites, tantôt angoissantes, tantôt drôles, souvent décalées, et confèrent à la série son identité particulière.
Tonalités et thèmes
Avec des thèmes aussi lourds que le cancer, le manque d’argent et le milieu de la drogue, la série ne peut échapper au genre dramatique. Dès les premiers épisodes, on comprend que la vie de Walt n’est pas rose : il doit cumuler deux jobs pour subvenir aux besoins de sa femme enceinte et de son fils, un adolescent atteint de paralysie cérébrale, ses capacités intellectuelles sont clairement sous-exploitées dans un quotidien qui l’ennuie, il se sent vieillir et apprend qu’il va bientôt mourir. Puis il découvre le monde de la drogue, ses violences physiques et psychologiques, mais aussi la lutte pour le pouvoir et l’addiction qu’elle peut générer. Toute une série de dilemmes moraux vont alors se poser à lui, mais aussi à d’autres personnages comme sa femme Skyler. J’ai souvent repensé à la théorie du développement moral de Kohlberg, que j’avais découverte en terminale dans mon manuel de philosophie : peut-on braver la loi pour mettre ses proches à l’abri du besoin ? Mentir à quelqu’un pour le protéger est-il acceptable ? Que doit-on accepter de faire pour soi ou pour les autres ? Faut-il nécessairement choisir entre raison et sentiments ? Peu à peu, la série devient machiavélique et tend à démontrer qu’il faut souvent se faire craindre plus que se faire aimer.
Cependant, l’humour et la légèreté ne sont pas absents de la série. Ils apparaissent grâce à des personnages décalés tels que Badger et Skinny Pete, les acolytes de Jesse, ou encore l’extravagant Saul Goodman et ses métaphores exotiques. Certains épisodes sont même vraiment comiques, comme celui consacré à « la mouche » (saison 3 épisode 10), que l’on doit à des problèmes de budget et qui est sans doute mon préféré.
Personnages

Là où Vince Gilligan est très fort, c’est qu’il arrive à nous intéresser au destin d’un protagoniste d’abord plutôt lambda, puis de plus en plus antipathique. Je me suis surprise à plusieurs reprises à souhaiter vivement la mort de Walt, et à pourtant me demander ce que son intelligence redoutable allait encore inventer. On peut saluer le talent de Bryan Cranston qui ne cède jamais à la facilité dans son interprétation et propose un jeu nuancé et intense. Le grand point faible de la série, ce sont à mon avis les personnages féminins, car aucun n’est parvenu à attiser ma sympathie. Skyler m’a semblé assez mesquine et incapable de vision à long terme, Marie plutôt cruche et agaçante, Jane trop creepy, Lydia insupportable… Dans l’ensemble, elles m’ont paru manquer de profondeur psychologique. Au contraire, les personnages masculins sont très intéressants, variés et porteurs de belles évolutions. Saul m’a énormément fait rire, Junior m’a souvent émue et Hank a su se rendre attachant à mes yeux alors qu’il m’agaçait au départ. Mes personnages préférés sont assurément Mike et Jesse. J’ai beaucoup apprécié leur relation, développée dans la saison 4. Comme beaucoup de fans je pense, j’ai trouvé Jesse particulièrement attachant dans son incapacité à se montrer aussi dur qu’il voudrait le paraître, son besoin d’un repère paternel et sa sensibilité qui lui vaut aussi bien des éruptions de colère que des crises de larmes. Typiquement le genre de personnage qui me pousse à suivre une série et que j’ai du mal à quitter à la fin !

À voir après…
Même si comme moi le thème général de la série ne vous séduit pas, n’hésitez pas à lui laisser une chance, vous risqueriez bien de vous prendre au jeu ! Si vous l’avez aimée et que vous n’avez pas envie de quitter trop vite cet univers, vous pouvez vous lancer dans Better call Saul, qui vous permettra d’en apprendre davantage sur l’inénarrable Saul Goodman, sur un ton plus humoristique. Les fans de Bryan Cranston pourront bien sûr le retrouver dans Malcolm et ceux de Aaron Paul peuvent découvrir The Path, dans lequel il tient le rôle principal d’un homme qui cherche à quitter une secte.
Si vous aussi vous avez adoré Breaking Bad, n’hésitez pas à partager vos souvenirs en commentaires !
Au départ j’aimais bien cette série mais je me suis lassée car j’ai trouvé que cela s’essoufflait… Maintenant je regarde Banshee. 🙂
Ah bon ? J’ai dévoré les 5 saisons en un mois et demi, c’était de la folie ! ^^ Je ne connais pas Banshee, ça parle de quoi ?
C’est un mec qui sort de prison après 15 ans d’enfermement. Et il retourne dans son petit bled. Un peu par hasard, il rencontre le nouveau sheriff, qui se fait descendre… et il prend sa place. Je ne t’en dis pas trop, mais c’est assez sympa. Il y a un bon dosage entre humour et action, avec des acteurs bien convaincants. J’aime bien car on entre tout de suite dans l’univers, et il y a pas mal d’histoires secondaires qui se greffent sur l’intrigue principale, donc on trouve forcément son bonheur. 🙂
Ok, je ne connaissais pas du tout ! Je vais aller voir ça de plus près.
J’ai regardé les deux premières saisons je crois, et puis j’ai arrêté… Je ne sais même pas vraiment pourquoi. Je regarde tellement de séries x)
Mais je compte bien m’y remettre un jour ! 🙂
Franchement celle-ci vaut la peine ! 🙂
j ai adoré cette série. et puis il y a Tuco.
Tuco, et le grand-père à la sonnette !
grand-père que l’on retrouve au sommet de sa forme dans « Better Call Saul ».
Au passage la photo de cette série est superbe. Et la psychologie des personnages est gros niveau.
Il faut absolument que j’entame « Better Call Saul » !
Bon il serait temps que je m’y mette !
Ouiiiiii ! 😀
Il faudrait vraiment que je la regarde, tout le monde en parle, mais non, je repousse toujours ^^ Ca viendra bien le moment venu 🙂
Pas d’urgence, j’ai mis longtemps moi aussi !