Les employés du Discount sont inquiets : avec l’arrivée des caisses automatiques, ils risquent le licenciement. Plutôt que de céder à la mise en concurrence organisée par la directrice du magasin, ils décident d’être solidaires et de mettre en place un commerce parallèle à partir des invendus…
Ce film m’avait fait envie depuis sa sortie et il m’aura pourtant fallu près d’un an pour le découvrir. J’ai toujours un goût particulier pour les films sociaux, qu’il s’agisse de comédies comme Samba ou de drames tels que les films de Philippe Lioret et Stéphane Brizé. Ce qui m’a étonné après avoir vu la bande-annonce, c’est que ce film soit étiqueté « comédie », alors qu’il ne me semblait pas hilarant.
De fait, si vous cherchez un film amusant pour vous détendre, je pense qu’il y a plus approprié. Pour ma part, je n’ai pas ri une seule fois devant mon écran. Pourtant, je suis très bon public. Mais rien à faire : la situation est bien plus dramatique que drôle. Alors pourquoi avoir fait de ce film une « comédie » ? J’ai beau chercher, j’ai du mal à comprendre.
Pour autant, il ne s’agit pas d’un échec. À mon sens, l’absence de punchlines démontre assez clairement que le but n’était pas de plier en deux les spectateurs. Plutôt de leur faire passer un bon moment en compagnie d’une galerie de personnages qui pourraient être leurs voisins ou les employés du supermarché où ils s’approvisionnent.
Évidemment, avec son décor, ses personnages principaux et son résumé, Discount n’a pas manqué de me rappeler La Loi du marché. Les deux films sont presque comme les deux faces d’un même sujet. Mais là où Stéphane Brizé avait choisi un point de vue unique et un montage quasi documentaire, Louis-Julien Petit préfère un film choral à l’aspect fictionnel beaucoup plus assumé. En effet, dès les premières images, la stylisation du film apparaît au travers de ce qui ressemble à une parodie de publicité. À plusieurs reprises, le décompte marquant l’ouverture du magasin revient comme un jingle publicitaire ouvrant différents chapitres de l’intrigue.
Sur la forme donc, nous sommes en présence d’un film qui veut montrer son aspect fictionnel et engagé, sur un ton assez parodique – mais qui ne tient pas toujours cette ambition. Sur la forme, le propos a d’intéressant une prise de position discutable : faire des employés qui volent, détournent la marchandise du Discount, montent un commerce parallèle et embarquent de nombreux complices dans leur aventure, non pas des trafiquants condamnables d’un point de vue moral mais des héros du quotidien. La position du réalisateur est claire, il assume les propos de ses personnages qui évoquent un « acte de résistance citoyenne » au nom de la « solidarité ». Le personnage de Francesco, un employé qui soupçonne leur trafic, est bienvenu car il remet en cause ce parti-pris : en essayant de court-circuiter le système, les salariés ne pensent pas à leurs collègues qui tentent de s’en sortir sans tomber dans l’illégalité. Mais la bande d’acteurs touchants qui incarnent les fraudeurs pousse le spectateur à adopter leur point de vue, en dépit de la question éthique irrésolue. Corinne Masiero est, comme toujours, exceptionnelle, Pascal Demolon trouve ici un rôle à sa mesure, et Sarah Suco a dans son désespoir bravache quelque chose qui m’a rappelé Joséphine de Meaux.
Ce qui m’a particulièrement plu dans ce film, c’est le choix de Zabou Breitman comme directrice du magasin. La comédienne, dotée d’un atout sympathie indéniable, humanise son personnage qui ne peut être considérée comme « la méchante ». Elle-même sous la pression de ses supérieurs hiérarchiques et d’une mère pour qui la réussite ne passe que par un mariage, cette femme seule, issue de l’immigration, tente de se maintenir du côté des « winners » en apprenant l’anglais et en dirigeant son magasin sans sentimentalisme.
Moins terrible que La Loi du marché dans son traitement, plus complexe peut-être même si moins abouti, Discount n’en est en aucun cas une version « low cost » mais bien un film intéressant et engagé (d’autant plus que les bénéfices publicitaires générés par la bande-annonce sur Allociné ont été reversés au Restos du cœur).
Effectivement, tu as raison, le film n’est pas si drôle que ça, je pense qu’il a été mal vendu ! Je dirais qu’il a quelque chose de léger par contre (d’où son classement dans « comédie »). En tout cas, une bonne surprise en ce qui me concerne, bien interprété, le propos assez pertinent, des personnages attachants 🙂
C’est vrai, le ton un peu parodique et l’ambiance générale donnent une légèreté que n’ont pas d’autres films sociaux. Qu’as-tu pensé de la fin ? J’ai évité d’en parler pour ne pas spoiler mais je trouve qu’elle n’est pas très claire…
Je pense que la fin est une sorte de happy end 😀